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Compte-rendu : Transe straussienne - Marek Janowski à l’Orchestre de Paris
L’entente véritable entre un chef et un orchestre a toujours quelque chose de profondément émouvant. Ainsi en est-il allé de ce premier programme en forme de festival Richard Strauss dirigé salle Pleyel par Marek Janowski à la tête de l’Orchestre de Paris. Seul vrai disciple de Wolfgang Sawallisch, Janowski reste à soixante-dix ans un redoutable « éleveur d’orchestre ». C'est-à-dire quelqu’un qui « élève » le niveau de la susdite phalange alors que beaucoup, qui recherchent seulement l’effet du moment, ne font que l’abaisser…
Tout commence avec le si rare Bourgeois gentilhomme qui servit de prologue à l’opéra Ariane à Naxos avec des musiciens réunis en formation Mozart qui fait la part belle aux solistes. Joli clin d’œil à l’Europe du chef qui confie à des Français cette pièce écrite au pire moment de la boucherie de la Grande Guerre par un compositeur allemand qui s’autorise une promenade dans le jardin de Molière et de Lully… Le résultat est savoureux, car chacun ne songe qu’à donner le meilleur de soi malgré les perpétuels contre-pieds.
C’est ensuite un bouquet de quatre Lieder offert à la jeune soprano allemande Annette Dasch. Ce sera une belle et sculpturale Ariane avec sa voix d’opéra puissante. Pour l’heure, la mélodie la gêne faisant même vaciller son intonation dans le mf qu’elle ne domine pas pour la bonne raison qu’elle ignore les clefs du Lied allemand qui sont aussi celles de la mélodie française, à savoir que ce sont les voyelles et une prosodie exacte qui assurent et portent les notes. Après la Schwarzkopf, Fischer-Dieskau, Christa Ludwig ou Gundula Janowitz en détiennent encore les secrets. A sa place, je n’hésiterais pas !
Si l’orchestre a su l’accompagner avec un merveilleux équilibre entre style et retenue, il va gravir encore un palier avec un somptueux Mort et transfiguration où Marek Janowski se révèle l’un des derniers grands Kappelmeister, successeur de Böhm et autre Karajan : sa direction reflète à la fois la rigueur implacable de l’analyse et l’enthousiasme dionysiaque de la transe straussienne. Un sommet de l’interprétation.
Jacques Doucelin
Paris, Salle Pleyel, le 10 mars 2010
Prochains concerts de Marek Janowski à la tête de l’Orchestre de Paris : 17 et 18 mars à 20h (Métamorphoses symphoniques de Hindemith, 1er Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns (avec Marie-Elisabeth Hecker) et 99e Symphonie de Haydn). www.orchestredeparis.com
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Photo : DR
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