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Compte-rendu : Marivaux de loin - « Galantes Scènes » à Nantes

Les auteurs de bons spectacles cherchent souvent des prétextes à leurs fantaisies. Dirk Opstaele a fait mieux : il a trouvé deux objets qu’il télescope. Son adaptation, sans vergogne mais irrésistible, d’Arlequin poli par l’Amour, garde de Marivaux la trame sinon la langue. Intercalés de façon assez désopilante, les duetti de la Serva Padrona de Pergolèse renvoient en miroir les errements amoureux d’Arlequin. Le tout donne un spectacle comme on pouvait en voir sur le théâtre de la Foire Saint-Germain au temps de Rameau, seul le verbe y est de notre temps, le fond reste fidèle à un art disparu, le réinvente en quelque sorte.

Les comédiens sont irrésistible, à commencer par l’Arlequin du clown Danny Ronaldo, tout entier plongé dans l’état de nature (un clin d’œil ironique à Rousseau ?), entouré de ses deux femmes impossibles – mention spéciale à Mieke Laureys, une Madame de Fée constamment au bord de la crise de nerf – et de son trop raisonnable rival, ce pauvre Trivlich.

L’argument mince, avec sa pincée de fantaisie fantastique (l’histoire de la poule de Merlin raptée par Madame de Fée qui donne lieux à une scène anthologique), est tout du long paysagé par d’habiles citations musicales savamment concoctées par Daniel Cuillier qui s’amuse visiblement, tout comme les musiciens de l’Ensemble Stradivaria.

Tout cela va sur des chapeaux de roues, Frank Leguerinel et Virginie Pochon faisant leur Serva mutine et enjouée au possible. Avec ce spectacle trans-genre, Nantes-Angers Opéra dispose d’un formidable outil pédagogique : comment mieux faire entrer le jeune public à l’opéra ? Graslin était empli de scolaires ravis. On s’est au moins autant amusé qu’eux.

Jean-Charles Hoffelé

« Galantes Scènes », Nantes, Théâtre Graslin, le 31 mars 2010

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Photo : DR
 

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