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Tchaïkovski x 3 - Cycle Tchaïkovski-Pouchkine-Stein à l’Opéra de Lyon
Serge Dorny aime constituer saison après saison des cycles cohérents – confiés à un même metteur en scène – et explorant les chefs-d’œuvre lyriques d’un compositeur. Cette année, le cycle Mozart-Da Ponte d’Adrian Noble s’est bouclé avec un étonnant (et surtout très abouti) Don Giovanni à Manhattan, les saisons précédentes un ensemble Tchaïkovski-Pouchkine dévolu à Peter Stein avait fait une quasi-unanimité pour lui (on avait bien été le seul à y apporter quelques bémols, soulignant notamment pour Onéguine et Dame de Pique que Stein y lisait plutôt Tchekhov que Pouchkine).
La trilogie russe sera donnée à cheval sur avril et mai, on pourra donc juger de son propos très cohérent (de style, de mise en espace - les « cartouchages » si cher à Stein, et si brillamment utilisés dans Mazeppa - de vocabulaire scénique, et bien entendu de direction d’acteur), et aussi de ses quelques faiblesses (reverra-t-on le squelette méchamment balancé par dessus le mur de la chambre d’Hermann lors de ses hallucinations dans la Dame ?).
Mais plus encore qu’une célébration du travail de Stein, on guettera des distributions souvent plus prometteuses que celles des premières séries de représentations. Dame de Pique avait péché par un Hermann défait, on nous promet cette fois ci celui de Miska Dydik, dont le clairon exemplaire et le chant tourmenté triompheront sans peine des escarpements vocaux comme de la folie du personnage. Et sa Lisa sera Olga Guryakova !
Pour Onéguine, l’ombre du grand absent continuera de planer : car si l’on allait impatient aux premières représentations de ce spectacle, c’était pour y entendre à l’époque Wojciech Drabowicz, le baryton noble de sa génération, disparu depuis dans un fatal accident de voiture (1). Alexey Markov aura probablement fort à faire pour se mesurer au souvenir de cette incarnation majeure, mais faisons lui confiance : la voix est splendide et le comédien sait se montrer habile. On attend beaucoup de la Tatiana d’Olga Mykytenko.
C’est Olga Guryakova qui chantera Maria, rôle central de Mazeppa, Maria où avait brillé, malgré une épouvantable épidémie de grippe qui avait transformé le théâtre en crachoir, une magnifique (et tendre, et révoltée aussi) Anna Samuil. La Lisa admirable qu’est Guryakova aura certainement beaucoup à nous dire dans ce rôle complexe, formidablement écrit par Tchaïkovski Nikolai Putilin tient le rôle-titre, Anatoli Kotscherga reprend son tragique Kotchoubei.
Mais à Lyon, on forme d’abord des équipes : Marianna Tarasova réinventera sa Comtesse admirable de tenue, hantée, blessée et dangereuse à la fois, suprêmement chantée, à cent lieux de tant de ses consœurs en fin de parcours (et simplement à bout de souffle et de voix) que les directeurs de théâtre, pour le plaisir d’un nom, y distribuent habituellement. Et elle reprendra aussi sa Madame Larina simplement anthologique. Une fois de plus on sera à genoux devant l’Olga mais aussi la Pauline d’Elena Maximova, véritable étoile du chant russe.
Kirill Petrenko reste maître à bord, lui qui a su insuffler à l’Orchestre de l’Opéra de Lyon le vrai style tenu et ardent que veut Tchaïkovski. La réussite de l’ensemble lui doit autant, si ce n’est plus, qu’à Peter Stein.
Jean-Charles Hoffelé
1) Heureusement, l’une de ses premières incarnations du rôle (Glyndebourne, 1992) est disponible en DVD (Warner Music).
Cycle Tchaïkovski-Pouchkine-Stein à l’Opéra de Lyon
Mazeppa, le 29 avril, puis les 6, 13 et 18 mai
Eugène Onéguine, le 30 avril, puis les 7, 11, 14 et 19 mai
La Dame de Pique, les 2, 45, 9, 16 et 21 mai 2010
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Photo : DR
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