Créé en 1996, le Festival de Pâques de Deauville n'a cessé depuis de tenir ses promesses et de mettre le pied à l'étrier à de jeunes interprètes talentueux. En ouverture d’un 14e Festival qui se déroule pendant trois week-ends dans le Centre International des Congrès, le programme inagural offre l'occasion d'entendre des œuvres rares qui n'ont par l'heur d'encombrer les salles de concert. Sous la direction attentive du chef allemand Marius Stieghorst (actuellement assistant de Philippe Jordan à l'Opéra National de Paris), les musiciens donnent du Ragtime pour onze instruments de Stravinsky une lecture un peu sage sur le plan rythmique, mais dans le Konzertmusik pour piano, ensemble de cuivres et harpes opus 49 de Hindemith, ils font preuve d'un bel entrain et d'un vrai sens poétique (à l'image du piano subtil de Guillaume Vincent et de la harpe arachnéenne d'Emmanuel Ceysson).

En seconde partie, la Sérénade n°1 op 11 de Brahms (1858) est une aventure au long cours de cinquante minutes qui préfigure les symphonies à venir. Dans cet alliage de timbres subtils, de couleurs pastorales, de phrases amples, les musiciens – en formation Mozart – conduits par Marius Stieghorst, ont plaisir à se perdre dans un matériau sonore quelque peu altéré hélas par la sécheresse du lieu.

Le lendemain, le pianiste David Kadouch apporte à la Sonate I .X.1905 de Janáček une intensité, une justesse de ton et de climat tout à fait remarquables, comme dans le Capriccio pour piano et sept instruments à vent (1926) en compagnie des membres de l'Ensemble à vents Initium. Enfin, le Quatuor Ardéo, avec le contrebassiste Yann Dubost, fait montre d'une grande sobriété dans le Quintette à cordes en sol majeur de Dvorák, réservant de beaux moments de musique dans le droit fil de ces légendaires Schubertiades où régnait avant toute chose le sens du partage et de la convivialité.

Michel Le Naour

Deauville, Centre International des Congrès, les 17 et 18 avril 2010
Infos : www.musiqueadeauville.com

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Photo : DR