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Compte-rendu : Sobriété et émotion - La Bohème à l’Opéra de Monte-Carlo
Il y a toujours une forme de paradoxe à écouter les tristes malheurs de La Bohème sous les lambris lourdement chargés de l’Opéra de Monte-Carlo. Pourtant, il eût été fort dommage de bouder son plaisir lors de la deuxième représentation sur le Rocher de cette œuvre de Puccini, fruit d’une nouvelle coproduction avec l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne et l’Opéra royal de Wallonie. Outre des costumes de bon goût travaillés par Frédéric Pineau, la mise en scène aussi vivante que sobre de Jean-Louis Pichon laisse tout l’espace et l’atmosphère nécessaires à l’expressivité individuelle des artistes lyriques. Un peu à l’image du décor unique des toits de Paris signé Alexandre Heyraud où flotte forcément un air de liberté.
La distribution a confirmé, dans le rôle de Mimi, les talents exceptionnels d’Inva Mula, encore auréolée de son succès dans Mireille à l’Opéra de Paris en septembre 2009. Contrairement au ténor Stefano Secco (Rodolfo) qui, malgré une voix très convaincante dans ses accent désespérés, peine parfois dans le registré élevé, la soprano d’origine albanaise envoûte littéralement son public : sans jamais altérer la magnifique couleur humaine, charnelle de son timbre vocal, elle passe, sans aucun effort visible, des aigus les plus intenses de la passion amoureuse au registre plus intériorisé de la souffrance. Une performance largement ovationnée. Egalement très applaudi, le baryton George Petean campe brillamment un Marcello à la voix chaleureuse et puissante. Souffrante, la soprano Karen Vourc’h a été remplacée par Laura Giordano : une Musetta scéniquement très présente mais qui a rencontré quelques difficultés pour trouver l’équilibre vocal adéquat.
Circonstances atténuantes, elle n’a pas toujours été aidée par la direction orchestrale d’Antonino Fogliani, tellement brillante dans la mise en valeur des moindres détails de la partition, qu’elle en dominait parfois certains chanteurs. Rien qui ne puisse toutefois ternir les qualités de cette soirée lyrique monégasque.
Jean-Luc Vannier
Puccini : La Bohème – Opéra de Monte-Carlo, le 20 avril 2010
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Photo : DR
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