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Compte-rendu : Rentrée de l’Ensemble Orchestral de Paris - Une résurrection
Il y a vraiment des concerts qui vous font chaud au cœur. Pas seulement parce que vous avez passé une merveilleuse soirée en raison de la qualité des interprètes et des œuvres. Non. Mais bien parce qu’ils marquent une étape dans la rénovation d’une institution qui partait en quenouille. Oui, on se faisait du mouron pour l’Ensemble Orchestral de Paris au point de se demander s’il survivrait à ses maux. Bref, la mairie de Paris le tiendrait-elle encore longtemps à bout de bras… et de subventions ?
Et bien la réponse est tombée avec l’évidence de la joie sans mélange, en ce premier jour d’automne, avec le concert de rentrée de l’orchestre de chambre de Paris et de Joseph Swensen, son premier chef invité et conseiller artistique. Le rituel du concert, c’était donc cette fête d’où est bannie toute morosité, où le sourire, l’humour, le mélange savoureux des genres font craquer les barrières qui trop souvent séparent les artistes de leur public.
Celui-ci ne s’y est d’ailleurs pas trompé : il a fait le plein de la salle jusqu’au haut du troisième balcon attiré par un heureux mélange de solistes qu’il aime, des pianistes Boris Berezovsky et Brigitte Engerer au celliste Henri Demarquette en passant par la comédienne Catherine Frot, et d’œuvres prometteuses de joies simples comme La Valse de Ravel ou Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns. C’est cette dernière pièce, d’ailleurs enregistrée par ces mêmes musiciens(1), qui a fait basculer la soirée du côté du triomphe et de la jubilation. Avec son mélange de gouaille et de fausse ingénuité, Catherine Frot a explosé les frontières entre les genres, ajoutant le piment si savoureux du texte très IIIe République de Francis Blanche…
Voilà le type de soirée qu’il faut présenter aux écoliers et aux publics vierges si l’on veut les persuader que la musique dite « sérieuse » n’a rien d’un pensum et mérite le détour de tous. Passons sur la Pastorale d’été qui n’est pas le chef-d’œuvre d’Honegger et allongea inutilement une soirée bien pleine avec Ravel et Saint-Saëns. De ce dernier, Henri Demarquette fut le soliste impeccable du 1er Concerto pour violoncelle avant que sa 2e Symphonie ne vienne conclure dans le champagne un vrai moment de convivialité. Que demander de plus ? M’est avis que le public, lui, en redemande !
Jacques Doucelin
1 CD Mirare MIR 108
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 21 septembre 2010
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