A trente-deux ans, Andris Nelsons a le vent en poupe. Disciple de Mariis Jansons, il occupe depuis 2008 le poste de directeur musical de l’Orchestre symphonique de Birmingham, qui vit naguère éclore le talent de Simon Rattle. Cet été, au Festival de Bayreuth, il s’est couvert de gloire dans Lohengrin. Est-ce cette jeune réputation qui attire la foule des grands jours à la Cité de la musique pour le premier concert du maestro letton à la tête de l’Orchestre de Paris ? A vrai dire, le programme alléchant y est sûrement aussi pour quelque chose.

Dans les Métamorphoses de Richard Strauss, les cordes chauffées à blanc manifestent une homogénéité, une pureté de ligne, une clarté de texture dignes de la musique de chambre et Nelsons parvient à une tension dramatique impressionnante. Constat identique avec Ainsi parlait Zarathoustra ; la dimension prométhéenne de l’œuvre est portée par une direction narrative et exaltée qui entraîne les instrumentistes jusqu’à l’incandescence. Les subtiles recherches de couleurs, l’équilibre des plans tiennent de l’évidence.

Victorieuse du concours Clara Haskil en 1995 à l’âge de seize ans, Mihaela Ursuleasa ne manque pas d’engagement dans le Concerto n°20 de Mozart (la pianiste roumaine fait elle aussi ses débuts à l’Orchestre de Paris). Parfaite sur le plan digital, technicienne convaincante, elle souffre souvent d’une absence de simplicité et de naturel, qualités indispensables aux grands interprètes mozartiens. Les cadences, brillantes, sont souvent brusques voire appuyées et l’agitation de la soliste sur scène nuit à la sérénité de l’écoute. Andris Nelsons lui-même semble gêné et son accompagnement trop fort et sans nuances. Péché de jeunesse toutefois au regard du reste de sa prestation qui déclenche l’enthousiasme tant du public que d’un orchestre sous le charme.

Michel Le Naour

Paris, Cité de la musique, salle des concerts, 29 octobre 2010

> Programme détaillé et réservations pour la Cité de la musique

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Michel Le Naour

Photo : Marco Borggreve