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Les 150 ans de l’Orchestre Pasdeloup - Trois questions à Marianne Rivière, présidente de l’Orchestre Pasdeloup
Après My Fair Lady au Châtelet, puis un spectacle autour Carmen à l’Opéra Royal de Versailles, l’Orchestre Pasdeloup retrouve ce lieu, du 23 au 26 janvier, pour Orphée aux enfers. Le 29 au Châtelet une soirée anniversaire sous le signe du violon – des violons, vaut-il mieux dire ! - marquera les 150 ans de la phalange parisienne. A cette occasion, concertclassic a interrogé Marianne Rivière, violoniste et présidente de l’Orchestre Pasdeloup.
Pourriez-vous d’abord rappeler quel est le mode de fonctionnement de l’Orchestre Pasdeloup, son statut juridique, la provenance des musiciens qui le constituent… ?
Marianne Rivière : La structure juridique de l’Orchestre Pasdeloup est aujourd’hui celle d’une association, mais ça ne l’a évidemment pas toujours été et je voudrais faire quelques rappels historiques. Il y a cent cinquante ans, en 1861, Jules Pasdeloup a créé son orchestre, bientôt appelé « Concerts populaires ». On peut sourire aujourd’hui du côté slogan publicitaire de la formule, mais c’était une idée très hardie et généreuse pour l’époque que d’aller vers le public ; il fallait de l’audace pour investir le Cirque d’Hiver. Homme passionné, Jules Pasdeloup a réussi à franchir tous les obstacles, économiques, politiques, artistiques. Dans les années 1870, il a défendu la musique de Wagner ; on imagine que ça n’a pas été de façon toujours très calme…
A l’heure actuelle, l’Orchestre Pasdeloup est donc une association, dont je suis présidente depuis 2000 - je fais partie des violons depuis vingt-cinq ans ! Je suis musicienne élue, la gestion de l’association est faite par un conseil d’administration de neuf membres, tous élus par l’orchestre. Depuis 2002, nous avons appelé Patrice Fontanarosa comme conseiller artistique. Patrice est une très grande figure de l’école française de violon, mais aussi une grande personnalité du monde artistique. Nous nous sommes retrouvés sur l’envie de faire progresser la qualité, tout autant que sur l’amour du public, la générosité, le partage, l’envie de rendre la culture accessible à tous.
Nous faisons donc un bout de chemin avec Patrice et ce conseil d’administration formé de musiciens gère tout, les belles choses, les choix de programmations, mais aussi les difficultés financières, les ressources humaines. Nous sommes tout de même 95 musiciens sociétaires. Ce sont tous des musiciens professionnels, recrutés par concours. Personne n’est salarié de l’orchestre, nous fonctionnons au cachet. Pasdeloup est un « patchwork » de profils très différents. On y trouve des membres d’autres orchestres : nous avons un violon solo qui est à l’Opéra, un alto solo au Philharmonique de Radio France, etc., mais aussi des musiciens qui font partie d’ensembles de musique contemporaine, d’ensembles de musique de chambre, certains sont enseignants pour une partie de leur activité, beaucoup parmi les jeunes ont un statut d’intermittent ; tous sont passionnés d’orchestre symphonique et donnent je pense une originalité, un autre regard, liés à notre mode de fonctionnement.
Le répertoire lyrique est très présent depuis un moment dans les activités de l’Orchestre. Faut-il en conclure qu’une nouvelle orientation se dessine là ?
M. R. : Non, je ne pense pas. A Pasdeloup nous brassons les idées, nous créons des rencontres d’artistes, nous nous frottons à pas mal de risques et cela ouvre complètement le répertoire. L’Orchestre avait autrefois la réputation de n’être qu’une formation de répertoire très classique, mais les choses ont complètement changé dans la mesure où les musiciens ont voulu investir des ouvrages qui leur faisaient envie.
A la fin du mois, pour notre anniversaire nous organisons une grande soirée de violon au Châtelet à laquelle participent près d’une trentaine de solistes. En février nous donnerons le Concerto pour orchestre de Bartok. Depuis pas mal d’années, avant même d’être en fosse, nous nous sommes passionnés pour le musical et nous nous sommes également consacrés à Offenbach. Tout cela nous prédisposait à bien nous entendre avec Jean-Luc Choplin : avant My Fair Lady nous avions fait La Mélodie du bonheur fin 2009.
Bizet a dédié Carmen à Jules Pasdeloup et nous ne pouvions commencer l’année du 150e anniversaire sans évoquer ce si célèbre ouvrage. Nous ne le donnons pas en entier, il s’agit d’une soirée autour de Carmen conçue par Yves Coudray.
Y a-t-il quelques moments à venir dans la saison en cours sur lesquels souhaitez mettre l’accent ?
M.R. : La saison 2010-2011 est particulièrement riche. Après la grande soirée de violon au Châtelet que j’ai évoquée auparavant, le Concerto pour orchestre de Bartok sera donné parallèlement au Concerto «L’Empereur » interprété par Pascal Godard. Il s’agit d’un artiste avec lequel nous avons entrepris une sorte de cycle de grands concertos du répertoire, sous la direction de Wolfgang Doerner, un chef autrichien avec lequel le pianiste s’entend très bien. Après le Concerto n°4 de Rachmaninov l’an dernier, il joue donc le 5ème de Beethoven et donnera le 1er de Brahms la saison prochaine.
L’Orchestre Pasdeloup a été le créateur de la Symphonie espagnole de Lalo : le 26 février nous recevrons pour cette oeuvre Alina Ibragimova, une jeune violoniste que j’avais découverte il y a deux ans au Festival de Saint-Denis. Lors de ce même concert la «Pathétique » sera dirigée par l’Ukrainien Mykola Dyadyura, chef principal de l’Orchestre Philharmonique d’Ukraine ; un artiste avec lequel nous avons une fidélité depuis quelques années pour travailler sur la musique russe.
Le 26 mars, un concert très original réunira autour du thème de la Méditerranée, la soprano Amel Brahim Djelloul, Rachid Brahim Djelloul, un violoniste traditionnel, et le violoniste Gilles Apap, artiste très ouvert aux croisements de répertoires. Un concert osé qui correspond à ce que le public aime, mais suppose un gros travail en amont.
Propos recueillis par Alain Cochard, le 14 janvier 2011
Offenbach : Orphée aux enfers
Mise en scène : Yves Beaunesne
Dir. : Samuel Jean
Opéra Royal de Versailles
Du 23 au 26 janvier 2011
Infos : www.chateauversaillesspectacles.fr/spectacle.php?spe=52
Soirée des 150 ans de l’Orchestre Pasdeloup
« Le violon dans tous ses éclats »
Paris – Théâtre du Châtelet
29 janvier 2011 – A partir de 18h
Infos : www.concertspasdeloup.fr
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