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Le Freischütz à Paris et Saint-Etienne - Printemps Weber
Deux Freischütz, puis un Oberon (sur ce dernier on reviendra en temps voulu), la France reconnaîtrait-elle enfin le génie de Weber ? Même son « Franc-tireur », le chef d’œuvre du premier romantisme lyrique allemand, y est trop souvent boudé, alors que passé le Rhin aucune maison d’opéra ne l’ignore.
On savourera donc les deux productions proposées à quelques jours de distance par l’Opéra Comique et l’Opéra de Saint-Etienne, qui de toute façon se compléteront : à Paris, John Eliot Gardiner, qui avait littéralement réinventé Oberon voici quelques saisons au Châtelet, offre d’abord une rareté, la version française de l’ouvrage, revue et corrigée par Emilien Pacini et surtout Hector Berlioz, qui opéra une synthèse des dialogues en les confiant à un récitant.
Grâce à l’auteur des Troyens, cet ouvrage qu’il révérait put se présenter le 7 juin 1841 sur la scène de l’Opéra de Paris. Il niait ainsi la nature typiquement germanique du singspiel pour aller plus loin encore dans la poétique de l’œuvre et en dévoiler tout son caractère de grand opéra romantique. Car si le Freischütz est pénétré par l’esprit du conte, et dans ce cas par le recueil de Johann Apel et Friedrich Laun, le Livre des fantômes, sa musique est visionnaire d’un genre qui allait faire flores vingt ans plus tard.
Sans présumer de rien, un étonnement : Gardiner à choisi pour les rôles majeurs de sa distribution des chanteurs majoritairement étrangers : Sophie Karthäuser pour Agathe, Max selon Andrew Kennedy, Gidon Saks en Gaspard. Sera-t-on en sabir sous-titré ?
Alors qu’à Saint-Etienne, le Grand Théâtre Massenet monte la version originale en allemand, avec des chanteurs…..français ! Barbara Ducret (Agathe) et Gilles Ragon (Max), voila un beau couple qui aurait enchanté la version française. On les entendra pourtant dans la langue de Goethe, sous la baguette imaginative de Laurent Campellone (photo). Que réserveront les régies de Dan Jemmett (Salle Favart) et de Jean-Louis Benoit (Grand Théâtre Massenet) ? Il faudra les voir pour le savoir.
Comme à l’habitude, la Salle Favart paysage largement son Freischütz avec les rituelles « Rumeurs »: intégrale des trio avec piano de Beethoven (le 11/13/15/17 avril) par le jeune Trio Elégiaque (Laurent le Flécher, Viriginie Constant et François Dumont), intégrale des concertos de Beethoven selon Jean-François Heisser et son Orchestre Poitou-Charentes (le 10 avril, en un marathon de trois concerts), programme très hors cadre de l’ensemble Dissonances et de David Grimal, (le 14 avril ; Schoenberg, Strauss, Bartok), mais surtout un récital d’Anne Schwanewilms, une Maréchale d’anthologie, voix somptueuse et tendre qui visitera quelques opus de Debussy (les Proses Lyriques, qu’on entend quasiment jamais !), Wolf et Schoenberg (le 16 avril).
Jean-Charles Hoffelé
Weber : Le Freischütz (version en français de Berlioz et Pacini)
Paris, Opéra Comique les 7, 9, 11, 13, 15 et 17 avril 2011
www.opera-comique.com
Weber : Der Freischütz
Saint-Etienne, Grand Théâtre Massenet, les 15, 17 et 19 avril 2011
www.saint-etienne.fr
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Photo : DR
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