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Kent Nagano dirige Parsifal au TCE - Un Wagner de rêve - Compte-rendu
Plus que tout autre opéra, Parsifal peut revêtir l’aspect d’un oratorio tant l’ultime drame musical wagnérien met en valeur des chœurs qui jouent un rôle essentiel dans le déroulement d’une action réduite à sa plus simple expression : le héros triomphant accède au Graal, rompant la malédiction qui pèse sur les Chevaliers et sur Amfortas, le premier d’entre eux.
A la tête de l’Orchestre et des Chœurs de l’Opéra d’Etat de Munich, Kent Nagano, dont on a pu regretter parfois l’absence de compréhension du monde romantique, transfigure littéralement la partition qu’il porte à bout de bras avec clarté, fluidité (chaque détail de la partition est mis en avant sans jamais nuire à la globalité) et un sens métaphysique qui convient à l’esprit de l’œuvre. La phalange munichoise fait corps avec cette direction précise, sans pathos (sauf dans le Prélude qui s’enlise un peu) et toujours projetée vers l’accomplissement final. La masse chorale peut se comparer à celle du Festival de Bayreuth, pourtant incomparable !
La distribution participe à cette réussite et se montre pour l’essentiel de haute volée. Le ténor autrichien Nikolai Schukoff (Parsifal) donne à son personnage un caractère humain (trop humain ?) et son engagement ne suffit pas toujours à combler un timbre assez monochrome. Hormis quelques signes de fatigue à la fin du deuxième acte, la Kundry d’Angela Denoke atteint des sommets d’intensité avec une projection digne des plus grandes tragédiennes. En Gurnemanz, la solide basse coréenne Kwangchul Youn (un habitué de Bayreuth) manifeste une sérénité en adéquation avec ce rôle si important dans le déroulement de l’action. L’Amfortas du baryton allemand Michael Volle se révèle d’une stature impressionnante, comme le Klingsor de John Wegner dont les attitudes maléfiques comblent largement l’absence de mise en scène. Enfin, le Titurel de Steven Humes, venu véritablement d’outre-tombe, glace tant par sa présence que son timbre. Enfin, les filles-fleurs possèdent naturel et cohésion et se jouent avec aisance de la complexité de leur partie musicale.
Une soirée d’anthologie.
Michel Le Naour
Wagner : Parsifal (version de concert) - Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 14 avril 2011
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Photo : Jacques Grenier
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