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De Schumann à Ligeti - Une interview de Dana Ciocarlie
En récital au Foyer du Châtelet le 5 juin, Dana Ciocarlie participe dès le lendemain au spectacle « Haïm, à la lumière d’un violon » au Théâtre de l’Atelier, avant de se rendre à Toulouse fin juin pour quatre représentations du spectacle mis en scène par Charlotte Nessi « Aventures et Nouvelles Aventures et Musica Ricercata ». De Schumann à Ligeti, du récital au théâtre musical, la pianiste donne la mesure d’une curiosité et d’un appétit de musique qui s’illustreront beaucoup encore durant les mois à venir, en France et à l’étranger.
La dernière fois que nous nous sommes entretenus vous m’avez parlé de l’importance Schumann dans votre univers. Comment votre relation avec ce compositeur a-t-elle évolué depuis lors ?
Dana CIOCARLIE : Schumann continue d’être l’élu de mon cœur et je pense qu’il en sera toujours ainsi. Mon projet est de parvenir à délivrer toute son œuvre, tellement vaste, en concert et au disque. A chaque fois que c’est possible, j’essaie d’inclure un nouvel opus au programme de mes récitals ; brique par brique mon projet s’édifie. Il arrive que je puisse donner des récitals entièrement schumaniens, comme ça a souvent été le cas l’an dernier à l’occasion du bicentenaire. C’est moins fréquent cette année puisque Liszt est à l’honneur.
Il se trouve qu’on m’a beaucoup demandé de musique pour piano et de chambre d’Europe centrale pour des concerts en mai et juin. Schumann fait bon ménage avec elle et, dans ces programmes, il m’arrive de jouer le Carnaval de Vienne ou les Images d’Orient, ces dernières parfois avec ma collègue Delphine Bardin, parfois avec Naaman Sluchin, violoniste (membre du Quatuor Diotima) qui se double d’un excellent pianiste !
Puisque nous sommes en pleine année Liszt, quels sont rapports avec ce compositeur ?
D. C. : J’adore Liszt, mais pour des raisons personnelles je ne me vois pas jouer la Sonate ou la Dante. J’aborde souvent le Liszt « populaire » (Rhapsodies hongroises, etc.), très approprié à la thématique Mitteleuropa aux côtés de compositeurs tels que Bartok, Janacek. J’aime beaucoup aussi certaines pages des Années de Pélerinage (Jeux d’eau à la Villa d’Este, Au bord d’une source, Sonnets de Pétrarque, etc.) et les transcriptions de Lieder de Schubert me sont très chères.
Ligeti est un compositeur qui vous occupera bientôt avec la reprise fin juin à Toulouse d’un spectacle mis en scène par Charlotte Nessi : « Aventures et Nouvelles Aventures et Musica Ricercata »…
D.C. : Ce spectacle tourne depuis plusieurs années déjà. Aventures et Nouvelles Aventures sont deux petites scènes lyriques d’une quinzaine de minutes chacune, pour trois chanteurs et petit ensemble instrumental. Leur particularité est d’utiliser un langage inventé par le compositeur - fait de sons, de bruitages, d’onomatopées - qui véhicule des émotions primaires. La partition ne comporte aucune didascalie et Charlotte Messi a imaginé quelque chose de très drôle. Tout de passe autour d’une table, on assiste à un repas réunissant des personnages plus loufoques les uns que les autres. Réparties autour des Aventures et Nouvelles Aventures, la Musica Ricercata fait partie intégrante de la mise en scène, l’action continue pendant que je suis seule au piano.
La musique de chambre compte beaucoup pour vous. Quelques mots pour conclure sur cet aspect de votre activité…
D.C. : Comme je vous l’ai dit j’ai des concerts que je suis heureuse de partager avec Naaman Sluchin, tantôt violoniste, tantôt pianiste. J’aime beaucoup aussi la formule, à la fois complexe, complète et épanouissante, qui consiste à m’associer, en compagnie d’un violoniste, à un quatuor à cordes pour jouer le Concert de Chausson ou le Concerto pour violon et piano de Mendelssohn, ouvrage qui fonctionne très bien en version chambriste.
Avec Naaman Sluchin, je vais par ailleurs participer (le 6 juin à Paris au Théâtre de l’Atelier) à un spectacle intitulé « Haïm, à la lumière d’un violon », avec le comédien Xavier Gallais et le duo « Les Mentsch ». Ce spectacle conte l’histoire du grand-père de Naaman. Cet homme, qui a 98 ans aujourd’hui, a connu le Ghetto de Lodz, avant de fait partie de l’Orchestre du camp d’Auschwitz. Ecrit et mis en scène par Gérald Garutti, le récit de son existence devient une sorte conte édifiant sur la confrontation entre un musicien et l’Histoire dans ce qu’elle peut présenter de plus cruel et aveugle.
Nous avons travaillé pendant deux ans avec Naaman et le duo « Les Mentsch » (Alexis Kune, accordéon, et Samuel Maquin, clarinette) pour trouver les morceaux appropriés, mêler la musique classique (Schumann, Chopin, Bruch, Bartok, Szymanowski, Bloch, etc.) et klezmer et parvenir à l’imbriquer parfaitement avec le texte pour parvenir à un résultat qui fait du comédien un membre d’un véritable quintette.
Propos recueillis par Alain Cochard
Prochains concerts de Dana Ciocarlie :
5 juin 2011 – 20h30
Paris - Foyer du Théâtre du Châtelet
Récital (œuvres de Schubert, Ligeti, Janacek, Bartok, Radulescu, Enesco)
6 juin 2011 – 20h
« Haïm, à la lumière d’un violon »
Paris - Théâtre de l’Atelier (entrée libre dans la mesure des places disponibles)
22 (14h30), 23(14h30), 25(14h30 et 20h) juin 2011
« Aventures et Nouvelles Aventures et Musica Ricercata »
Toulouse – Théâtre du Capitole
Rens : www.theatre-du-capitole.fr/1/saison-2010-2011/opera/aventures-nouvelles-...
Site de Dana Ciocarlie : www.danaciocarlie.com
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Photo : DR
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