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2ème Midsummer Festival d’Hardelot - Les charmes de Vénus - Compte rendu
Notre belle province regorge de lieux étonnants. Folie d’un riche Anglais au XIXe siècle, Sir John Hare, le château d’Hardelot – néo-Tudor et pré-disneylandesque – a été totalement restauré à l’initiative du Conseil Général du Pas-de Calais entre 2007 et 2009 et héberge désormais le Centre Culturel de l’Entente Cordiale.
L’an dernier naissait le Midsummer Festival d’Hardelot, manifestation partagée entre musique et théâtre autour de la rencontre entre les cultures britannique et française. Placée sous la direction artistique de Sébastien Mahieuxe, la manifestation doit une part de sa singularité au lieu dans lequel elle se déroule. A quelques pas du château est en effet installée spécialement pour le festival une Tour Vagabonde en bois, librement inspirée (en petit format) du Globe Theater de Londres (photo). L’intimisme de cette salle éphémère crée une proximité pour le moins unique entre la scène et le public. La soirée inaugurale de l’édition 2011, avec Philip Pickett et ses chanteurs et musiciens du New London Consort, a permis de s’en convaincre.
Mise en bouche instrumentale : la première partie consiste en un Musical Banquet où se mêlent dans la meilleure humeur des pages de Purcell, Baltzar ou Blow à d’autres d’esprit plus populaire (Playford). D’un clin d’œil, d’un geste discret de la main, Pickett mène son petit monde avant autant de sobriété que d’efficacité, quand il ne s’empare pas de sa flûte à bec pour interpréter avec fraîcheur et humour la Sonata in Imitiation of Birds de William Williams. Mention spéciale au sein de ce groupe instrumental au jeu très vivant du violoncelliste Henrik Persson.
Après l’entracte – accompagné d’une cup of tea, of course ! – le moment est venu de découvrir le morceau de résistance de la soirée : Venus and Adonis de John Blow (1649-1707). L’ouvrage n’est pas souvent donné en France. Avec ce Masque for the entertainement of the King en trois actes (1683) on remonte à la source de l’opéra britannique. Sur un livret d’Anne Kingsmill, une demoiselle d’honneur de la Duchesse de York, Blow a signé un ouvrage séduisant par sa concision, sa variété, sa beauté mélodique et la gamme de sentiments qu’il explore, de la drôlerie (les irrésistibles Petits Cupidons à l’Acte II) au drame (la mort d’Adonis face une Vénus éplorée à l’Acte III). Un certain William Purcell, élève de John Blow, n’a pas manqué de méditer l’exemple de son maître…
L’atmosphère chaleureuse de la Tour Vagabonde s’avère idéale pour goûter un petit bijou lyrique donné dans une version mise en espace, avec le plus strict minimum d’accessoires, musiciens disposés sur scène côté jardin. Qu’importe la modestie de la réalisation, le charme opère immédiatement sous la conduite de Philip Pickett, familier d’une partition dont il soigne avec amour le relief et les coloris délicats.
Avantage aux dames dans une distribution d’où se détachent la sensuelle Vénus de Joanne Lunn et le piquant Cupidon de Juliet Schiemann. Plus qu’honorable prestation de Michael George dans Adonis, même si le baryton a plus le physique pour un rôle de père que pour celui qu’il tient là… Délicieux Petits Cupidons de Anne et Leo Bevan – une paire de jumeaux ou ça en a tout l’air -, jolie bergère de Julia Gooding, chasseurs non exempts de reproche pris individuellement mais satisfaisants dans les ensembles (Christopher Robson, Andrew King et Simon Grant).
Le Festival d’Hardelot ne fait que commencer et se prolonge jusqu’au 26 juin. Si vous y passez, prenez impérativement le temps d’aller visiter la petite mais très riche exposition « Dickens, The Inimitable » qu’accueille le château jusqu’au 23 octobre, en prélude au bicentenaire de la naissance de l’écrivain anglais l’an prochain.
Alain Cochard
2ème Midsummer Festival d’Hardelot (Pas-de-Calais), jusqu’au 26 juin - Château d’Hardelot, Tour vagabonde, 10 juin 2011.
Pour connaître la suite de la programmation du festival : www.chateau-hardelot.fr
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Photo : Rémi Vimont
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