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In Paris aux Etés de la Danse - Il fut une fois Mikhaïl Baryshnikov - Compte-rendu
Misha, comme disent ses innombrables fans, fascinés la grâce féline et sexy de sa danse, fut un géant des tréteaux chorégraphiques. Il avait 26 ans, en 74, lorsqu’il quitta son tontonnant Kirov pour voler de ses propres ailes dans les plus grandes compagnies new-yorkaises, devenant rapidement une icône mondiale, de façon très différente d’un Noureev, totalement désaxé. Lui parvint à gérer sa vie sociale et personnelle avec aisance et harmonie. Mais l’artiste n’a pas su s’arrêter, et inlassablement continue de se produire dans des formes chorégraphiques censément adaptées à sa soixantaine, fine et nerveuse, mais qui n’offrent que peu d’intérêt. Grande fut la déception lorsqu’il apparut les années précédentes aux côtés d’Anna Laguna, jadis prodigieuse créatrice de la Giselle de Mats Ek.
A ce jour, le voici touché par le goût du théâtre, pour ce In Paris, et rattrapé par les puissants remugles de ses origines. Pour un non résultat, qui a navré une bonne partie du public pourtant acquis d’avance à Chaillot : car l’auteur du spectacle, le Dmitry Krymov Laboratory, théâtre d’images souvent inspiré du folklore russe, prétend toucher à de multiples genres, du geste et du texte, à la danse (inexistante ici), à la vidéo et à la musique. Le spectacle se fonde sur une nouvelle des années 40, due au poète Ivan Bunin, réfugié en France et premier Prix Nobel russe de littérature en 33: elle conte l’histoire d’un général de l’armée blanche installé à Paris, et y vivant une histoire fugitive avec une serveuse russe avant de mourir sur un banc de métro. Le texte traduit, dont nos camarades slaves doivent apprécier la nostalgique et simple poésie, devient ici d’une platitude affligeante tandis qu’il se déroule en projection, pendant que l’ânonnent les comédiens, en russe ou en français d’ailleurs. Naïf ou niais ?
Il y a certes quelques instants touchants dans ce mini drame sur fond de décor gris inspiré de Cocteau, et la présence de Baryshnikov en vieux monsieur guindé et déchiré, drapé dans sa solitude à la façon d’un Anthony Hopkins, donne quelque densité à ce morne récit et à une succession de poncifs théâtraux éculés. Mais on s’ennuie: un texte anémique, peu de gestes, pas de danse, des airs de Cherubino et de Carmen chantés faux par une Castafiore en robe à volants. Mais que diable Misha est-il allé faire dans cette galère ?
Jacqueline Thuilleux
Théâtre de Chaillot, le 8 septembre, jusqu’au 17 septembre 2011
http://theatre-chaillot.fr/
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Photo : DR
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