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Leonidas Kavakos, Paavo Järvi et L’Orchestre de Paris - Jouissive surabondance - Compte-rendu
Symphonie n°11 d’Eduard Tubin, Concerto pour violon de Tchaïkovski, Symphonie en mi majeur de Hans Rott : l’inventif programme dirigé par Paavo Järvi à la tête de son Orchestre de Paris a tout pour attirer les amateurs de « tubes », comme ceux férus de raretés.
Ultime symphonie du maître estonien, la 11e de Tubin tient en un unique mouvement (dont Kaljo Raid a d’ailleurs achevé l’orchestration en 1987, cinq ans après le décès de l’auteur). Une musique âpre, virile, d’une grande puissance rythmique que Järvi défend avec souffle et conviction. Il reste dix symphonies à explorer : si le maestro s’avise de poursuivre l’aventure on l’y accompagnera avec plaisir et curiosité.
Entre en scène Leonidas Kavakos (photo) pour le fameux Opus 35 de Tchaïkovski. Le violoniste grec et l’orchestre s’engagent de façon presque « sage » dans l’Allegro moderato initial, que l’on peut facilement imaginer plus rapsode. Vision sobre certes, mais très vécue. Avec la longue cadence, Kavakos convainc définitivement. D’un lyrisme prégnant, concentré, sans une facilité expressive, la Canzonetta – sur le velours d’un magnifique « Strad » - réserve un moment de bonheur pur, tout comme l’Allegro vivacissimo final, fluide, lumineux, étincelant. Triomphe mérité.
Vient après l’entracte le moment de « la » découverte de la soirée : la Symphonie en mi majeur de Hans Rott (1858-1884), jeune Autrichien - admiré de Bruckner et de Gustav Mahler, son cadet de deux ans – fauché par la tuberculose à 26 ans alors qu’il était interné en hôpital psychiatrique pour « folie hallucinatoire et manie de persécution ». Pour l’anecdote, un beau jour lors d’un voyage en train, Rott prétendit que des explosifs avaient été introduits dans le wagon par… Brahms !
Il serait facile de reprocher à la monumentale Symphonie en mi majeur (quatre mouvements, dont un final de près de vingt-cinq minutes ; une bonne heure en tout) les influences marquées dont elle est porteuse (Wagner en particulier, dont Rott avait découvert le Ring dès 1876 à Bayreuth), de la critiquer pour parfois trop «vouloir montrer » ce dont l’auteur est capable. Mais que de promesses surtout, hélas non tenues par la faute du destin, dans cette partition sacrément attachante, née de la plume d’un musicien de 20 ans, que Järvi a eu mille fois raison de programmer. Une jouissive surabondance la caractérise ; le chef et ses instrumentistes s’en régalent avec un bonheur visible. Les vents sont particulièrement gâtés par Rott (6 cors, entre autres…) : les souffleurs de l’Orchestre de Paris piaffent de bonheur ! Comme une baguette et toute une formation bien décidées à donner le meilleur d’elles-mêmes.
L’objectif est plus que largement atteint.
Alain Cochard
Paris, salle Pleyel, 12 octobre 2011
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Photo : DR
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