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Ludovic Tézier et Joseph Calleja - Excellence française et pur Malte - Compte-rendu
Ludovic Tézier et Joseph Calleja (photo) chantaient pour la première fois ensemble la saison dernière Lucia di Lammermoor (avec Natalie Dessay), au Metropolitan Opera de New York, ce qui n'a pas échappé au programmateur des Grandes Voix qui vient de les réunir en concert à Paris. La première partie de ce concert a permis à chacun de s'exprimer, seul, dans la langue de Verdi, admirablement mise en valeur par Frédéric Chaslin, chef rompu à la métrique et à la fougue du compositeur, à la tête du National d'Ile-de-France.
Légèrement indisposé, le baryton français a une nouvelle fois prouvé combien son art du chant, l'élégance de sa déclamation et la beauté de son timbre convenaient idéalement au noble tempérament de Renato du Bal masqué (« Eri tu »), au poignant désespoir de Rigoletto (« Cortigianni vil razza dannata ») et aux grands sentiments de Rodrigo (Don Carlo), dispensés avec une maîtrise consommée du souffle et un legato souverain, renouvelant ainsi sa prestation parisienne de 2010 (Opéra Bastille). Le ténor maltais, découvert à Paris en 2007(1), s'est lui aussi montré très inspiré dans le grand air de Riccardo du Bal masqué « Forse la soglia attinse », même si l'instrument semble toujours d'une texture délicate, manque de largesse dans l'aigu et de mordant dans le medium. L'artiste chante cependant avec un tel naturel, une émission si claire et si franche que ses personnages campés avec sincérité touchent immédiatement le public, comme ce Rodolfo à la fois frêle et exalté de Luisa Miller (« Quando le sere al placido »).
Les duos de La Bohème et des Pêcheurs de perles avaient été choisis pour réunir ces deux voix aux couleurs complémentaires et joliment assorties, qu'il s'agisse de rendre à la vocalita italienne de Puccini toute sa sève, ou au style français de Bizet sa suavité. C'est pourtant en chantant le célèbre lamento « E lucevan le stelle » de Tosca, que Calleja a fait chavirer l'auditoire et pour lequel il a concédé un bis, suivi par l'air de Roméo « Ah lève-toi soleil » d'une remarquable pureté d'émission. De son côté Tézier avait prévu l'air de Werther dans la version baryton écrite pour Mattia Battistini, qu'il a donnée il y a peu à la Bastille, au désespoir prémonitoire, également bissé, avant de redonner à Zurga, avec « L'orage a disparu », toutes ses lettres de noblesse, comme avant lui Ernest Blanc, en termes de cantabile, de couleurs et d'expressivité, soutenu par un orchestre délicieusement scrupuleux et poétique.
Parmi les rappels qui venaient clore cette grande soirée, un inédit de taille, « Pourquoi me réveiller » de Werther, pour ténor et baryton obligés, les deux artistes complices de cette proposition inattendue, enchâssant avec un rare bonheur leurs riches et belles voix pour le plus grand plaisir du public.
François Lesueur
(1) grâce aux Grandes Voix, en duo avec Patrizia Ciofi au TCE.
Paris, salle Pleyel, 7 novembre 2011
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Photo : Decca/Mitch Jenkins
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