En préambule à son récital à l’Archipel de Fouesnant, Anne Queffélec dit le plaisir qu’elle éprouve à retrouver ses racines bretonnes. La dimension spirituelle participe de la thématique de la première partie du concert articulée autour de Bach et Haendel avec des transcriptions de Busoni, Kempff, Hess (le célèbre « Jésus, que ma joie demeure »). Deux Nocturnes de Chopin (en sol mineur op 15, n°3 et op 37, n°1) - des pièces qui font l’une et l’autre appel au choral -, établissent le lien avec ces pages le plus souvent introspectives et austères.

La fluidité naturelle du jeu de l’interprète rend immédiatement sensible toute la ferveur qui se dégage de ces pages. Dans l’exécution des variations de la redoutable Chaconne en sol majeur de Haendel, elle fait preuve d’une jubilation pianistique qui contraste avec le climat méditatif du début. Par un enchaînement subtil, Anne Queffélec fait ensuite ressortir avec bonheur les correspondances unissant Debussy, Ravel et Liszt au gré de leurs affinités aquatiques.

La Cathédrale engloutie, Ondine et Reflets dans l’eau présentent une simplicité de ton, une élégance, une souplesse et une liberté dont profite aussi Une barque sur l’océan de Ravel.

L’interprétation de La Lugubre gondole et de Saint-François de Paule marchant sur les flots conserve prégnante l’émotion ressentie peu avant lors de la lecture d’un texte de son père, le romancier Henri Queffélec, sur la musique du compositeur hongrois si chère à son cœur.

En bis, la Marche turque de Mozart, très piquante, paraît un peu décalée, mais une mélancolique 1ère Gnossienne de Satie à renoue avec la touche délicate d’un récital suivi par un public nombreux, concentré et attentif, en parfaite sympathie avec la pianiste.

Michel Le Naour

Fouesnant, L’Archipel, 17 novembre 2011

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Photo : Liliroze, Art & Brand