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Peter Eötvös dirige le London Symphony Orchestra - Sensuelle clarté - Compte-rendu

Etonnante façon d’aborder Nuages, le premier des trois Nocturnes de Claude Debussy qui ouvrent la soirée. « Effet d’optique » - impossible à décrire par les mots - : à la tête d’un London Symphony Orchestra en grande forme, Peter Eötvös met d’emblée l’accent sur cette « précision fabuleuse dans la mise en œuvre du mouvant » que Boucourechliev saluait chez Debussy. Pas une once de froideur, de sécheresse toutefois, mais un amour de la couleur, une souplesse du geste qui, continûment alliés à une exceptionnelle acuité du regard, feront rimer l’ensemble du concert avec la plus sensuelle clarté. Eclat sans tintamarre, souplesse de Fêtes, merveilleuse ondoyance de Sirènes – pièce remarquablement servie par les femmes du London Symphony Chorus.

Voilà qui prélude idéalement au Concerto pour violon n°1 de Szymanowski pour lequel Christian Tetzlaff rejoint Eötvös. Dialogue, complicité ? Plus encore : c’est à une véritable étreinte musicale que l’on assiste, le violoniste ne poussant jamais du col, le chef donnant vie au tissu orchestral en faisant toujours corps avec le propos d’un soliste qui, s’il ne possède pas la plus immense des sonorités, cultive l’érotisme de la partition avec une profonde intelligence poétique.

Conclusion d’un programme début XXe d’un parfaite cohérence – Scriabine et Debussy ayant comme on le sait beaucoup compté dans la maturation du langage de Szymanowski -,le Poème de l’extase s’inscrit dans la continuité de la première partie. Le bruyant, le déliquescent peuvent vite guetter l’ouvrage du Russe sous des direction moins inspirées. Rien à craindre avec un chef – et compositeur ; ceci expliquant beaucoup de cela - qui, à nouveau, allie sens du détail et sensualité du propos pour dire la modernité du contemporain et pendant orchestral de la 5ème Sonate pour piano.

Alain Cochard

Paris, Salle Pleyel, 1er mai 2012

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Photo : DR
 

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