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Enrique Mazzola et l’ONDIF à Pleyel - La pédagogie joyeuse de l’Orchestre national d’Ile-de-France - Compte-rendu
C’est une nouvelle forme de délinquance en col plus ou moins blanc baptisée « meurtre de bureau ». L’une des plus récentes victimes de ces bureaucrates irresponsables est l’Orchestre National d’Ile-de-France menacé de coupes claires dans la subvention qu’il reçoit de l’Etat, ce qui le contraindrait à court terme à mettre la clef sous la porte. Tout individu sensé s’étonnera que l’une des régions les plus riches et les plus peuplées d’Europe soit ainsi privée des services d’un orchestre symphonique dont la vocation est précisément de compléter le travail parisien des grandes phalanges de la capitale en s’investissant dans une activité de proximité des publics relégués à la périphérie.
Au terme d’accords avec des théâtres d’Ile-de-France, chacun de ses programmes est ainsi répété quatre ou cinq fois dans des lieux différents : exemple d’une rentabilité maximum, et rarissime, dans le monde symphonique à laquelle il convient d’ajouter l’éveil à la musique des jeunes scolaires. Cette initiation garantit, en outre, la formation du public de demain, et cela pour l’ensemble des orchestres de l’hexagone. Au cas où ce travail de fond, modeste certes, mais indispensable, n’aurait pas l’heur de plaire à MM. les fonctionnaires et où ils souhaiteraient que les musiciens s’investissent davantage dans d’autres domaines, lyrique ou musique de chambre, voire entretien des parcs et jardins de la région, qu’attendent-ils pour rédiger un cahier des charges ?
Le mieux pour nous était de constater le résultat en assistant à un concert. Le nouveau patron Enrique Mazzola (photo), qui succédera à Yoel Levi à la rentrée, vient de diriger dimanche dans une salle Pleyel pleine à craquer un programme à thème intitulé Andalucia mêlant joyeusement Debussy, de Falla et Turina. La fête fut peut-être trop au premier degré dans l’Iberia de Debussy, mais les frissons hispaniques habitaient pleinement l’orchestre des Nuits dans les jardins d’Espagne de Manuel de Falla que le pianiste Alexandre Tharaud eut quelque mal à apprivoiser.
Une rareté ouvrait la seconde partie du concert avec l’orchestration de trois des douze Etudes pour piano de Debussy par le compositeur suisse Michael Jarrell : jolie façon de mêler l’ancien et le moderne pour mieux apprivoiser le public. L’occasion de découvrir des souvenirs enfouis dans ces pièces - notamment un thème de Parsifal prouvant que Claude de France fut moins contre que… tout contre Wagner - à la manière de ces radiographies de tableaux révélant des esquisses et des remords. Après ce clin d’œil intelligent, la Sinfonia sevillana de Turina mit un point final joyeux à la soirée le chef parvenant à entraîner ses musiciens et à leur faire oublier les malheurs du temps...
Jacques Doucelin
Paris, Salle Pleyel, 13 mai 2012.
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Photo : Martin Sigmund
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