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Itinéraire baroque en Périgord vert (2) - Contrepoint en Cercles - Compte-rendu

Après plusieurs millésimes d'itinérances parmi les clochers du Périgord vert, le festival propose depuis quatre ans un contrepoint en l'abbatiale Saint-Cybard de Cercles, foyer métaphorique où se mêlent concerts et rencontres.

Dans une édition en hommage à Gustav Leonhardt disparu au début de l'année, c'est autour de la figure tutélaire de Bach, dont le musicien néerlandais fut un des plus grands serviteurs de notre temps, que s'inscrivent les deux concerts que donne Ton Koopman(photo) ce vendredi. A midi, il s'associe avec l'excellente concertmaster de son ensemble Amsterdam Baroque Orchestra, Catherine Manson, dans les trois dernières sonates pour violon et clavecin, BWV 1017 à 1019. La lisibilité polyphonique ne se trouve jamais altérée par la sonorité charnue du clavier. La fluidité et la rondeur de l'archet de sa partenaire en complètent harmonieusement la robustesse rythmique, chacun mettant en évidence avec une jubilation contagieuse le jeu de syncopes dans la BWV 1019.

Le soir, les forces de l'Amsterdam Baroque Orchestra se réunissaient sous la baguette de leur chef pour un programme encadrant deux Concertos Brandebourgeois, les Deuxième et Quatrième, autour des cantates Mein Herze schwimmt im Blut, BWV 199 et Weichnet nur, betrübte Schatten, BWV 202. La même générosité sonore se déploie ici, favorisant les parties concertantes, lesquelles se détachent de tutti à l'épaisseur parfois monochrome, effet accru sans doute par l'acoustique des lieux.

Au milieu de l'après-midi, l'Ensemble Amadis, emmené du chant et de la vièle par Catherine Jousselin, nous a fait voyager sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, avec ses harmonies de codex et chants de troubadours – le Périgord compte parmi les terres fertiles pour ces aèdes du Moyen-Age occitan. La Perneta de Bernard de Ventadour nous ramène aux origines de l'histoire de Jeannette, tandis que la Romance de Don Boyso se rapproche de la destination ibérique. Si certaines pages s'enracinent dans les mélismes grégoriens, d'autres dégagent une fascinante sapidité métrique, à l'instar de la chanson Por dereito d'Alfonso El Sabio, qui narre un miracle de la Vierge Marie sur la route du pélerinage, dans une progression polyphonique sur fond de percussions et cornemuse, et redonnée en bis. A défaut d'une élocution limpide, privilégiant les modulations vocaliques, le patrimoine médiéval étourdit par ses couleurs méridionales aux accents que l'on qualifierait aujourd'hui d'orientalisant – témoignage incontestable des échanges entre les cultures méditérannéennes à l'époque des Croisades, et au-delà.

Evoquons enfin le concert d'ouverture du festival, le jeudi soir en l'Abbaye de Brantôme où des complices de feu Gustav Leonhardt, les frères Sigiswald et Wieland Kuijken, s'associent à Benjamin Alard, digne relève de l'enseignement du maître, de par sa sobriété et sa précision dynamique, préférant la clarté du discours aux tempi précipités que l'on inflige parfois entre autres aux Concerts de Rameau, comme La Coulicam, La Livri, La Vézinet et La Cupis (en bis), refermant un programme associant le goût italien de Buxtehude, Telemann et Bach au style français également représenté par Marais ou Couperin.

Gilles Charlassier

Brantôme, 26 juillet, et Cercles, 27 juillet 2012

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Photo : DR
 

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