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Debussy chez Ravel - 3 questions à Jean-Michel Barate, Président du Festival Musique en Côte Basque
Ce chocolatier fameux sur la côte basque (incontournable Daranatz !) est tombé dans la marmite musicale dès l’enfance. En 1979, il s’engageait dans l’aventure que dirigeait alors Jean Darnel, avant d’en devenir le Président en 1992. Avec autour de lui, toute une petite bande de bénévoles, voire de philanthropes, qui se battent pour faire vivre la manifestation. Entre deux opéras ce passionné d’art lyrique, qui avoue avoir sangloté avec délices à une Bohême parisienne du couple Alagna-Gheorghiu, poursuit sa quête : il ne pouvait pas laisser passer le cent cinquantenaire de la naissance de Debussy, en cette année où il fait office de directeur, avant l’arrivée de Patrice Armengau. Questions à un fou de beauté.
Comment le festival a-t-il tracé son chemin ?
Jean-Michel BARATE : Au départ, ce furent les Comédiens Français qui l’ouvrirent en 1960, en mémoire du mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse à Saint-Jean-de-Luz : ils jouèrent devant un fronton de pelote basque, dans des conditions farfelues. Le Festival prit ensuite forme, avec théâtre, danse et musique. Mais le théâtre s’est avéré difficile à faire prospérer, et la danse a son propre festival, magnifique, à Biarritz. La musique était plus commode à gérer, encore que les dates aient paru difficiles au début, la côte étant alors désertée dès fin août. En plus, et je le déplore toujours, nous sommes une région peu éduquée musicalement, et vampirisée par le sport ; rugby et pelote basque. Dommage, d’autant que nous disposons de magnifiques églises, dotées d’une excellente acoustique, notamment celle de Ciboure, où jouera Jean-Yves Thibaudet.
Quels furent les rapports de Debussy avec la côte basque ?
J.-M. B : Il a séjourné à Saint-Jean-de-Luz l’été 1917, dans une villa qui appartenait alors à un colonel britannique, le chalet Habas, entouré d’un très beau parc. Les propriétaires, qui sont les mêmes depuis des générations, ont d’ailleurs mis la villa à notre disposition pour l’ultime concert du Festival, en partenariat avec l’Académie Ravel, dont les solistes se produiront avec Jean François Heisser. A Guéthary, Debussy voyait son ami Paul-Jean Toulet, avec lequel il avait des projets, non réalisés d’ailleurs. Mais pour être honnête, il était grognon, se plaignant de multiples choses et notamment de la surabondance de pianistes dans son voisinage, comme Marguerite Long. Tout simplement parce qu’il était malade. Il allait d’ailleurs disparaître l’année suivante. Il n’en donna pas moins deux concerts de bienfaisance dont un à l’Hôtel du Palais de Biarritz, pour les sinistrés de la Somme.
Comment avez-vous construit votre programme de l’été 2012 ?
J.-M. B. : Comme toujours, avec des évidences et d’autres programmes plus risqués, mais qui sont l’oxygène de la manifestation. D’abord, nous tenions à des soirées tout Debussy, ce qui sera le cas de Philippe Bianconi dans l’intégrale des Préludes et de Jean-Yves Thibaudet avec un récital comprenant entre autre le 2ème Livre des Préludes. Nous avons pu le capturer avec la complicité de l’Académie Ravel ! J’ai également tenu à ce que l’Orchestre d’Euskadi joue La Mer, outre la Symphonie avec orgue de Saint-Saëns. Quant au concert d’ouverture le 22 août, jour de la naissance de Debussy, c’est une surprise : une création par François-René Duchâble et Alain Carré d’un spectacle consacré à Monsieur Croche. Nous avions eu le tandem pour les Années de Pèlerinage, et nous les retrouvons dans un répertoire où on les connaît moins. Je tiens également beaucoup à la version originelle du Requiem de Fauré, de 1893, avec très peu de cordes et une quarantaine d’exécutants en tout. Cela changera l’écoute de cette œuvre si connue et risque de provoquer des mouvements de mauvaise humeur ! Mais je prends le pari. Le Brussels Philharmonic Orchestra y sera dirigé par Hervé Niquet, dont on sait la curiosité sans limites.
Même pari pour un concert dont Irène Jacob sera la récitante : une soirée tout en finesse, chambriste, intimiste, dont certains apprécieront j’espère le caractère subtil. Et des vedettes comme Isabelle Faust ou le Quatuor Debussy, et de jeunes lauréats du Concours Long, pour un concert matinal du dimanche. C’est là une tradition chez nous : tant de jeunes ont fait ici quasiment leurs débuts français, de Mikhaïl Rudy à Jean-Marc Luisada, de Philippe Bianconi à Cédric Tiberghien, là où des stars telles que Samson François les avaient précédés !
Propos recueillis par Jacqueline Thuilleux le 17 août 2012
Festival Musique en Côte Basque
Du 22 août au 14 septembre 2012
A Saint-Jean-de-Luz, Anglet, Ascain, Bayonne, Biarritz, Ciboure et Urrugne
www.musiquecotebasque.fr
En contrepoint, une exposition du peintre Jean-Paul Chambas, « Mon Debussy », à Saint-Jean-de-Luz (La Rotonde), jusqu’au 30 septembre 2012.
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Photo : Claude Debussy par Jean-Paul Chambas
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