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Les Contes d’Hoffmann à l’Opéra Bastille - Reprise en or - Compte-rendu
Formidable reprise de l’un des plus parfaits spectacle signés par Robert Carsen. La vivacité du rythme, la suractivité quasi névrotique sont restées intactes, le brio de la conception a gagné en profondeur : jamais l’acte d’Antonia n’était parvenu à un tel degré d’envoûtement. Carsen a-t-il resserré sa régie ? Ou Thomas Netopil, dirigeant sur les pointes, ne lui offre-t-il pas plutôt l’exacte respiration que sa mise en scène espérait ? L’un et l’autre probablement.
Mais le succès de la soirée était d’abord celui d’une remarquable équipe de chant. Le public a beau se gausser de Stefan Secco lorsqu’il lance son « Quel accent ! ». Si son français n’est pas parfait il est toujours compréhensible et sans que le timbre soit séduisant, le chanteur paye cash, ce qui est devenu bien rare dans ce rôle éreintant, emporté avec ardeur sinon dans le style exact par le ténor italien.
Trio de femmes époustouflant : Jane Archibald refait son Olympia suprêmement musicienne, ornant avec subtilité, se gardant de tout excès, Sophie Koch campe en deux mots une Giulietta manipulatrice et certaine de ses charmes, maîtresse de ce subtil théâtre-bordel-gondole dont on ne peut effacer les images. Mais on rend les armes d’abord devant l’Antonia d’Ana Maria Martinez, voix longue, diaprée, toute en sfumatures, qui a gagné depuis ses Amelia Grimaldi et ses Luisa Miller en profondeur. Admirable de poésie, étreignant de lyrisme.
Frank Ferrari triomphe enfin des rôles maléfiques, plus sombre de voix plus mordant de mots, investi dans le spectacle comme rarement, Kate Aldrich fait un Nicklausse irrésistible d’ironie et de tendresse tour à tour mais une muse bien pâle – il faut concéder qu’elle n’est guère servie par la musique simplement idiote de la fin de l’épilogue.
Bravo à Eric Huchet, qui compose ses valets avec subtilité et en voix glorieuse, bravo à Jean-Philippe Lafont, Crespel bouleversant, Luther impeccable. Mention spéciale au Nathanaël passionné et brillant de Cyrille Dubois. Aux saluts tout Bastille était debout, nous aussi.
Jean-Charles Hoffelé
Offenbach : Les Contes d’Hoffmann - Paris, Opéra Bastille le 10 septembre, prochaines représentations 16, 19, 22, 25, 28 septembre, 1er et 3 octobre 2012.
La représentation du 19 septembre sera diffusée en direct dans 26 salles du réseau UGC en France et en Belgique, ainsi que dans 45 salles indépendantes. Rens. : www.vivalopera.fr
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Photo : Opéra national de Paris/ Ian Patrick
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