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L’Ensemble Phoenix au Festival d’Ile-de-France - La Mémoire du Mayflower - Compte rendu
Né américain, la basse Joel Frederiksen (photo) aime à se présenter comme l'un des héritiers des Pilgrim fathers, ces puritains anglais qui, en 1620, sous le règne de Jacques 1er, fuirent, à bord du Mayflower, les persécutions pour les espaces libres du Nouveau Monde. Fixé à Munich depuis 2003, il y a fondé l'Ensemble Phoenix et gravé avec lui plusieurs disques, dont The Elfin Knight : une réussite qui fait surtout mémoire des chansons et ballades de la Renaissance et du Baroque insulaire (1).
Aujourd'hui, conforté dans ce rôle de passeur entre les époques et les écoles, il vient de nous revenir, invité par le convivial Festival d'Ile-de-France, pour ces Chants du Mayflower, bien évidemment à l'écoute des mêmes pionniers. Un programme fédérateur qui ratissait large, ce qui est en soi une idée stimulante, avec des emprunts aux Livres de Psaumes anglicans et calvinistes (le Psautier de Genève de Clément Marot), puis à Jan Pieterszoon Sweelinck, l'«Orphée d'Amsterdam» dont l'activisme européen (bien qu'il n'ait jamais quitté les Pays-Bas) n'est pas sans annoncer le rôle de Bach, près d'un siècle plus tard à Leipzig.
En tout cas, dans le va-et-vient des répertoires, l'interprétation du Phoenix Consort ne cesse pas d'être d'une haute tenue, à la fois surveillée et fervente. La patte du meneur de jeu Frederiksen s'y reconnaît, qui marque les mots et les affects de sa manière stylée et sensible : un bonheur expressif immédiatement répercuté aux voix (la soprano de Michaela Riener, la mezzo de Petra Noskaiova ) et aux instruments, jusqu'à l'action de grâces du Psaume 100 All people that on earth do dwell, oraison unanimiste demandée à John Dowland, Thomas Ravenscroft et Henry Ainsworth, ces bons génies de l'âge d'or élizabéthain et jacobéen, et conclusion d'une soirée festive où les danseurs de l'ensemble traditionnel nord-amérindien (venus des tribus sioux, kiowa, etc...) déclinaient martialement leur différence, avec une note de couleur bienvenue, quoique parfois trop appuyée dans ses effets.
Roger Tellart
(1) 1 CD Harmonia Mundi / HMC 901983
Vincennes, église Notre-Dame, 21 septembre 2012
Festival d’Ile-de-France (jusqu’au 14 octobre) : www.festival-idf.fr
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Photo : Janusz Szyndler
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