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Christoph von Dohnányi et l’Orchestre de Paris - A couper le souffle ! - Compte-rendu
L’esprit de Georg Solti planait Salle Pleyel lors de ce concert donné par Christoph von Dohnányi. En effet, pour le centenaire du maître hongrois (décédé en septembre 1997), le programme comportait la 4ème Symphonie « Italienne » de Mendelssohn et Le Château de Barbe-Bleue de Bartók, deux œuvres chères au cœur de celui qui fut directeur musical de l’Orchestre de Paris entre 1972 et 1975.
Rien de plus contrasté que ces deux partitions aux caractères si éloignés opposant l’allégresse ensoleillée d’une Italie revisitée à la noirceur d’un royaume de larmes sans espoir. Dohnányi, à 84 ans, est l’un des derniers représentants d’une tradition d’Europe Centrale (il fut l’assistant de Solti à Francfort au début de sa carrière) qui remonte à son grand-père Ernst, compositeur et pianiste de renom. Sa direction fluide et claire, d’un naturel réjouissant, au tempo juste, rend à l’ « Italienne » toute sa sève, magnifiée par les bois d’une formation en grande forme.
Plus qu’accompagnateur, le chef est partie prenante d’un Château de Barbe-Bleue dont il raffine les couleurs, tissant un tapis orchestral à la fois poétique et d’une tension inexorable. Les interprètes sont à la hauteur de l’enjeu : le récitant András Bálint témoigne d’une diction parfaite dans le Prologue, Matthias Goerne incarne un Barbe-Bleue à la voix sombre, caverneuse et inquiétante - d’une expression théâtrale proche du Nosferatu de Murnau - Elena Zhidkova s’investit totalement en Judith, exprimant avec conviction sa soif d’amour comme sa perversité entêtante. Une heure de musique à couper le souffle !
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 11 octobre 2012
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Photo : Decca/Terry O'Neill
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