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La Walkyrie au Grand Théâtre de Genève - Sans passion - Compte-rendu
La direction de Ingo Metzmacher, d’une fluidité constante, vive, claire, souple, sans pathos (la fameuse Chevauchée apparaît plus dense qu’appuyée), soutient sans cesse les chanteurs, suppléant même leurs carences, le cas échéant. Sa conception ne recherche pas les effets et, proche d’une vision chambriste, met parfois en danger les cuivres de l’Orchestre de la Suisse Romande, contraints de ne jamais forcer le ton.
Le plateau manque le plus souvent d’homogénéité. Les jumeaux Siegmund et Sieglinde, voix légères pour leur rôle, ne pénètrent pas les secrets de la flamme dévastatrice : Will Hartmann, joli timbre bien maîtrisé proche du chanteur de lied, reste en deçà des attentes de ténor héroïque, et Michaela Kaune, timbre clair, belle ligne de chant, sait user des nuances mais manque de puissance. Ce reproche ne peut être imputé à la Brünnhilde de Petra Lang dont l’absence de medium est compensée par son engagement. L’Américain Tom Fox manifeste une forte présence en Wotan, qui ne peut faire oublier une fatigue vocale de plus en plus prégnante au fil de la représentation. La voix profonde de Günther Groissböck (déjà remarqué à l’Opéra Bastille) incarne à la perfection un Hunding brutal et glaçant, tandis que Elena Zhidkova, déterminée et vénéneuse, donne à Fricka toute sa dimension dans ce spectacle bien réalisé, auquel manque la passion wagnérienne des grands soirs.
Michel Le Naour
Wagner : La Walkyrie – Genève, Grand Théâtre, 7 novembre 2013
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Photo : Carole Parodi
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