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Clôture du 34e Festival Manca à Monaco - Apothéose orchestrale - Compte-rendu
Manca, le Festival international des musiques d’aujourd’hui établi sur la Côte-d’Azur, en est déjà à sa 34e édition. Remarquable longévité ! Le thème de cette édition, “ Le Rayon vert ”, fait référence à un phénomène optique particulier et à la légende qui l’accompagne, et se veut sa traduction en musique. Ou quand l’imaginaire tente de rejoindre la réalité. Du 19 novembre au 1er décembre, créations et manifestations inusitées ont ainsi empli d’effluves sonores les lieux les plus variés de Nice et de ses environs.
Le concert de clôture prend place dans l’acoustique impeccable de l’Auditorium Rainier III de Monaco, avec l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo et un programme éclectique à l’image du festival. Se succèdent ainsi Jeu de Cartes de Stravinsky, Redshift (autre référence optique – ici les clichés obtenus au moyen de télescopes), création mondiale due au compositeur russe Vladimir Tarnopolski, le Deuxième Concerto pour piano de Prokofiev et la Rapsodie espagnole de Ravel. Autant de pages de facture et de nature différentes, propres à mettre en exergue les vertus de ductilité et de malléabilité de la phalange monégasque. Car c’est à un festival sonore que l’on assiste ! D’entrée frappe l’homogénéité, la virtuosité contrôlée et la vigueur des timbres, dans un Stravinsky qui n’est pourtant que pièges pour les cent vingt instrumentistes réunis. Ravel confirme, par un envol souverain, le même niveau d’excellence (oublions un petit écueil passager du pianissimo des cuivres à la fin de Habanera). Prokofiev est plus sage, côté orchestral, mais laisse au soliste, Martin Helmchen, la part belle : dans un jeu perlé et percutant, des emportements d’un magnifique élan.
La pièce de Tarnopolski constitue une autre aventure, qui associe un traitement électronique dans un alliage de couleurs scintillantes, au sein d’un long crescendo-descrescendo-crescendo. Une façon d’esthétique post-spectrale, qui ne serait pas follement originale, mais à laquelle on peut succomber. Sans retenir toutefois, au bout du compte, le sentiment d’être confronté à la création d’une œuvre immortelle.
Nous n’avons encore rien dit du chef, Dima Slobodeniouk, pour le garder pour la bonne bouche. Car si l’orchestre délivre une souplesse confondante, il la doit à la maîtrise consommée de la direction qui la sous-tend. Précision des gestes, assurance des tempos, cisèlement du détail et rigueur du souffle : ces qualités indéfectiblement conjuguées signent la matière d’une compétence rare. On comprend alors l’hommage des instrumentistes, notable et assez exceptionnel, au moment de l’un des saluts, refusant de se lever pour laisser seul au chef le recueil des bravos.
Pierre-René Serna
Monaco, Auditorium Rainier III, 1er décembre 2013
Photo : Philippe Dejardin
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