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Mariss Jansons et le Royal Concertgebouw Orchestra à Pleyel - Sur les cimes - Compte-rendu
Trois concerts de prestige pour la venue du Concertgebouw d’Amsterdam à Paris avec son directeur musical depuis 2004, le Letton Mariss Jansons. Le public des grands soirs se presse à Pleyel pour écouter l’une des phalanges les plus réputées au monde dont la sonorité large et puissante, telle celle d'un orgue, s’est perpétuée jusqu’à nos jours. Des programmes de rêve avec trois symphonies de Bruckner – un compositeur qui a toujours constitué avec Mahler la carte de visite de l’orchestre néerlandais – auxquelles s'ajoutent des ouvrages concertants servis de solistes de haut vol (Truls Mørk, Krystian Zimerman et Frank Peter Zimmermann).
Dans le 1er Concerto pour violoncelle de Haydn, l’entente est parfaite entre des musiciens chambristes totalement accordés à l’esprit ludique et au jeu d’une pureté minérale d’un Mørk impérial (la plénitude des cadences, la sobriété de ligne…). Avec la Symphonie n°4 « Romantique » de Bruckner, le Concertgebouw au complet traverse les paysages les plus divers avec expressivité, profondeur et fluidité des transitions (Andante, quasi allegretto). Les quelques imprécisions des cors sont dues à la difficulté d’acclimatation à l’acoustique de la salle, plus rebelle que celle d’Amsterdam.
Krystian Zimerman, le second soir, fait salle comble avec le Concerto n°1 de Brahms. Sur son propre Steinway, le pianiste polonais réalise une quadrature du cercle fusionnelle avec un orchestre enflammé dont se détachent des vents et des bois de rêve. Donnant de la tête les départs et les impulsions quitte à doubler malencontreusement le chef, il dégage une sonorité de rêve (pure merveille que cet Adagio poétique et nuancé !) et rejette tout effet virtuose au profit d’un équilibre global d’une perfection intimidante. La 9ème Symphonie de Bruckner atteint ensuite des hauteurs insoupçonnées par la concentration et l’élévation de l’interprétation.
Ouvrant le dernier concert, le 3ème Concerto pour violon de Mozart coule de source sous l’archet de Frank Peter Zimmermann subtilement accompagné par un maestro qui laisse habilement chanter ses troupes. Dernier grand moment avec la Symphonie n°7 de Bruckner conduite avec une progression ample et majestueuse, tumultueuse dans les pulsions du Scherzo et s’achevant sur une coda frémissante où l’alchimie d’ensemble flirte avec les cimes.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 30-31 mars et 1er avril 2014
Photo © DR
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