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« Si l’Opéra Comique m’était conté » - Bon anniversaire Monsieur Favart ! – Compte-rendu
Pour célébrer le 300ème anniversaire de l'Opéra Comique et conter sa longue et folle histoire, la direction de l’établissement organisait une grande soirée festive placée sous le signe du rire et de la musique.
Le programme plutôt bien mené, malgré quelques hésitations au moment du lancement, trouvait son rythme entre inévitables éléments factuels (dates importantes, personnages marquants…), numéros d’acteurs et extraits d’opéras. Dans le rôle de Monsieur, Madame serait plus juste, Loyal, le metteur en scène Michel Fau a déclenché l’hilarité travesti d’abord en Carmen (d’après le fameux portrait de Célestine Galli-Marié, créatrice du rôle, peinte par Henri Lucien Doucet), puis en Mélisande, dans une scène de la tour inénarrable parodiée avec Jérôme Deschamps et le concours vocal de Stéphane Degout. Les appariations de Christian Hecq en Wagner et Offenbach étaient amusantes, celles du jeune Julien Lubek plus inégales, le show millimétré, ne devant pas excéder les deux heures prévues par Arte (qui diffusera l’événement le 28 décembre prochain).
© Pierre Grosbois
L’important demeurait l’évocation musicale de cette salle mythique et les riches heures qui ont fait sa notoriété. Si Les Troqueurs d’Antoine Dauvergne (1753) constituait pour beaucoup une découverte, pas de véritable surprise dans le florilège d’extraits proposé, mais un choix raisonné et, sur la durée, tout à fait plaisant.
Anna Caterina Antonacci © Pierre Grosbois
Julie Fuchs était bien timide dans La Fille du régiment (1840) en comparaison à l’exquise Sabine Devieilhe dont l’Olympia des Contes d’Hoffmann (1881) spectaculaire et l’époustouflante Lakmé (1883) ont embrasé l’assistance. Les brefs passages orchestraux joliment dirigés par François-Xavier Roth à la tête des Siècles, évitaient les temps morts tandis que les plus longues scènes permettaient au public de goûter à quelques joyaux comme la romance de Marguerite (La Damnation de Faust de Berlioz, 1846), divinement chantée par Anna Caterina Antonacci, qui revenait plus tard plus bouleversante que jamais dans La voix humaine de Poulenc (1959) interprétée devant le rideau de scène, un antique combiné à la main, après nous avoir enchanté dans la Habanera de Carmen (1875), vêtue elle aussi en Galli-Marié.
Après avoir rencontré quelques problèmes de justesse et de tension dans l’aigu, Patricia Petibon déployait tout l’arc de son talent pour faire jaillir la passion de Manon (Massenet, 1884) face à l’ardent Des Grieux de Frédéric Antoun, Stéphane Degout et Vincent le Texier retrouvant la symbiose parfaite, comme sur le plateau de la Bastille dans la mise en scène de Bob Wilson, pour incarner les deux demi-frères ennemis de Maeterlinck, mis en musique par Debussy dans le légendaire Pelléas et Mélisande (1902).
Avant une bien belle Barcarolle des Contes d’Hoffmann conclusive, Stéphane Degout endossait les atours de Marouf, savetier du Caire, ouvrage d’Henri Rabaud créé in loco en 1914 et que Jérôme Deschamps, heureux directeur de ce théâtre pendant huit ans, a eu la bonne idée de remonter en 2013. Rappelons qu’il s’agit pour lui de sa dernière saison à ce poste où il sera bientôt remplacé par Olivier Mantei.
François Lesueur
Paris, Salle Favart, 13 novembre 2014
Photo © Pierre Grosbois
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