Jeune homme, Robert Carsen débuta comme assistant metteur en scène à l’opéra avec La Dame de Pique, c’est donc à ses retrouvailles avec le chef-d’œuvre de Tchaïkovski que nous convie l’Opéra du Rhin.
 
Cadre : la salle de jeu d’un Casino. Référence  cinématographique : l’atmosphère de L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais. Pourquoi pas ? Dans ce décor-citation, Carsen présente Hermann comme un étranger absolu à la société et aux êtres qu’il croise – aussi bien ses amis de caserne que Lisa ou la Comtesse. Seule obsession, l’argent, seul rapport de séduction, morbide, avec la Comtesse évidemment.
 
Tout cela appelle plus qu’un décor et des attitudes, mais Carsen saura-t-il passer outre son goût du spectacle pour investir son théâtre d’une direction d’acteur à la démesure de la musique de Tchaïkovski ? Après tout il avait bien trouvé les clefs de L’Affaire Makropoulos, pourquoi pas celles des créatures maudites de Pouchkine ?
En tous cas l’Opéra du Rhin met musicalement tous les atouts de son côté : dans la fosse la baguette visionnaire de Marko Letonja dont l’art semble naturellement destiné à l’ouvrage, l’Hermann flamboyant et suicidaire de Misha Didik, la Lisa égarée de Tatiana Monogarova, la ligne de chant parfaite de Tassis Chrystoyannis pour Eletzki, et la grande Comtesse du moment, Malgorzata Walewska !

Jean-Charles Hoffelé
 
Tchaïkovski :  La Dame de pique
Strasbourg, Opéra, les 16, 18, 21, 23 et 25 juin 2015
Mulhouse, Filature, les 5 et 7 juillet 2015
www.concertclassic.com/concert/la-dame-de-pique-mis-en-scene-par-robert-carsen

 Photo Robert Carsen © Felipe Sanguinetti