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Le Festival Jeunes Talents fête ses 15 ans – Le temps de la maturité

Fidèle au rendez-vous depuis 2001, le Festival Jeunes Talents est une manifestation précieuse pour les mélomanes parisiens car, outre sa politique découvreuse et la qualité de ses choix, elle se déroule au début d’une période estivale particulièrement calme s’agissant de la musique classique dans la capitale.

Philippe Hersant (à g.) et Laurent Bureau ( à dr. ) © DR

On doit le Festival Jeunes Talents à l’association du même nom et à Laurent Bureau, son initiateur et directeur artistique, tout comme d’ailleurs l’ensemble des rendez-vous musicaux que propose l’Hôtel de Soubise tout au long de l’année. L’aventure de Jeunes Talents commence fin 1998 lorsque L. Bureau se lance dans l’organisation de concerts pour de jeunes interprètes en cours de professionnalisation. C’est en milieu hospitalier que les premiers concerts se déroulent (aujourd’hui encore parmi les 150 que Jeunes Talents propose annuellement, 55 sont destinés aux hôpitaux).
La saison 1999-2000 est marquée par le lancement de la série aux Archives Nationales. Sur ce point, L. Bureau ne manque pas de rendre hommage à Marie-Paule Arnauld, décédée il y a peu de temps, qui occupait à l’époque le poste Directrice générale des Archives nationales et souhaitait que l’Hôtel de Soubise renoue avec son riche passé musical.
 
On se souvient qu’au XVIIe siècle les musiciens de Marie de Lorraine comptaient dans leurs rangs Marc-Antoine Charpentier, réputé pour ses talents de compositeur certes, mais aussi pour sa très belle voix de haute-contre – si belle et troublante que, raconte-t-on, la Duchesse de Guise éprouvait de besoin d’aller se confesser après l’avoir entendue… Au XVIIIe siècle, en 1769, le Concerts des Amateurs naquit à l’Hôtel de Soubise. D’abord dirigée par Gossec, l’institution fut confiée en 1773 au chevalier de Saint-Georges, vraie coqueluche des mélomanes parisiens. C’est le Concert des Amateurs qui passa commande à Haydn et créa à Soubise les Symphonies désormais connues comme « Parisiennes ».
 
Fin 1999, grâce M.-P. Arnauld, les concerts Jeunes Talents s’installent donc aux Archives Nationales, offrant une audience plus large aux jeunes musiciens invités par l’association. Dans un monde musical où les phénomènes de surmédiatisation faussent parfois la juste perception des choses et des talents, L. Bureau s’attache à dépasser les effets de mode et à faire preuve de curiosité.
 
A partir de 2001, Jeunes Talents franchit une étape importante avec la création d’un Festival qui fête donc son 15ème anniversaire cet été. « Nous sommes à l’heure de la maturité », confie le directeur artistique en considérant le années écoulées. Curiosité ? Benjamin Alard n’avait pas encore remporté son Premier Prix au Concours de clavecin de Bruges en 2004 qu’il avait déjà été invité deux fois à Jeunes Talents. Curiosité ? On relève entre autres les noms de David Kadouch, Adam Laloum, Adrien La Marca, Victor Julien-Laferrière, Guillaume Coppola, du Quatuor Voce et du Duo Biziak sur l’affiche de 2007, année marquante dans l’histoire du festival.
 

Lucie Robineau © DR
 
Depuis cinq ans environ, L. Bureau collabore étroitement avec Lucie Robineau, chargée de la programmation. Flûtiste et chanteuse de formation, son rôle est essentiel dans la construction tant de la saison que du festival.15% de billetterie (pourcentage assez remarquable dans la mesure où 55% des concerts sont en entrée libre et que les places ne dépassent pas 12 € pendant l’année et 15 € pendant le festival), 30% de subventions (Ville de Paris, Région Ile-de-France) : le budget de Jeunes Talents repose donc à 55% sur le mécénat, les partenariats, les financements privés dont la recherche occupe largement L. Bureau. La confiance que ces divers soutiens manifestent par leurs contributions est la preuve qu’un « label » Jeunes Talents existe désormais. Et cela vaut aussi pour un public particulièrement fidèle envers une programmation qui a pour maître mot « diversité », pendant l’année comme au festival.
 
On le constatera au cours d’une édition 2015 à laquelle l’ensemble de vents Les Sourds-Douées offre un prélude plein d’humour (5/07). Après Philippe Hersant l’an dernier (l’artiste a d’ailleurs accepté depuis de faire partie de l’association Jeunes Talents en tant que conseiller artistique), Guillaume Connesson est cette fois le compositeur invité d’un festival qui concentre un vingtaine de concerts, à un rythme presque quotidien (le lundi excepté).

Désormais rituel, le « Concert de Maître » verra le violoncelliste Alain Meunier entouré d’Aya Kono (violon) et David Nguyen-Phung (piano). Nouveauté du cru 2015, les « Cartes blanches » permettent de retrouver d’ex-Jeunes Talents tels que Jérôme Pernoo (avec son octuor La Ruée vers l’art, 9/07) (photo), Benjamin Alard (15/07) ou Anne le Bozec(23/07). Mais au cours ce cette belle fête, chambriste avant tout, on est impatient aussi d’entendre Adrien La Marca et Ismaël Margain (8/07), Lorenzo Soulès et le Quatuor Hermès (10/07), Selim Mazari (11/07), le Duo hautbois et piano Windmung (Olivier Stankiewicz et Alvise Sinivia, le 12/07) ou le fringant ensemble Nevermind de Jean Rondeau (17/07).
 
Quant aux amateurs de sonorités, de formations plus inattendues, les propositions du Quatuor Opus 333 (18/07), un décoiffant ensemble de saxhorns, du duo de percussions Boisneau-Mège (25/07) ou du Quintette Respiro Tango (25/07) ne pourront que les séduire.
 
Alain Cochard
 
Festival Jeunes Talents
Du 5 au 25 juillet 2015
Paris – Hôtel de Soubise (sauf exception)
www.jeunes-talents.org

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