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Armide de Lully au Festival de Beaune - Chantons sa victoire - Compte-rendu
Le "Festival international d’opéra baroque et romantique de Beaune" s’ouvre avec éclat. Poursuivant son cycle des opéras de Lully entrepris édition après édition, c’est au tour d’Armide, l’ultime chef-d’œuvre (1686) de prendre place lors de la première soirée à la Basilique Notre-Dame (repli stratégique de la Cour des Hospices, approprié par sa fraîcheur en cette canicule). Et tout de se conjuguer pour une réalisation exemplaire, entre le plateau vocal, le chœur, l’orchestre et la direction musicale.
Christophe Rousset est à l’œuvre, efficace comme toujours face à un opéra pourléché dans les moindres recoins. Il est vrai que ce concert bénéficie d’une longue préparation, héritant de la toute fraîche série des représentations à l’Opéra de Nancy. Les exécutants s’y retrouvent au reste totalement (hormis le chœur), pour le meilleur. On ne change pas une équipe qui gagne. Le concert jouit en outre de la part des solistes, et de ce fait, d’une présence et d’un jeu scénique particulièrement bien circonstanciés, à même de rendre les tourments exacerbés des amours de la magicienne Armide pour le Croisé Renaud. D’autant que tous les intervenants distillent une élocution qui rend justice à la belle prosodie de Philippe Quinault.
Et aussi, et étonnamment, dans un lieu où on ne l’attend pas nécessairement : le chœur. Car c’est le Chœur de chambre de Namur, parmi les meilleurs ensembles choraux baroques actuels, qui est ici à pied d’œuvre, avec l’acuité et les sens des nuances qu’on lui sait. Mais à chacun des personnages revient pareillement d’être campé avec adéquation. À commencer par le rôle-titre, servi par une Marie-Adeline Henry idéale de ton, d’ardeur et de substance. Un grand rôle qui n’attendait qu’une chanteuse à sa mesure. Et une chanteuse à suivre désormais. Julian Prégardien lui offre une vibrante réplique, Renaud souverainement projeté par ce ténor baroqueux au sommet de ses moyens, de style éminemment français malgré son origine germanique. Judith van Wanroij, Marie-Claude Chappuis, Marc Mauillon et Fernando Guimarães se révèlent tout aussi en phase au sein d’une distribution vocale qui tient du miracle. L’orchestre des Talens Lyriques se fait « doux zéphire » ou s’ouvre « des antres et des abîmes », comme le réclament la musique et son livret, sous la direction méticuleuse d’un Rousset qui n’est plus à glorifier.
Pierre-René Serna
Lully : Armide (version de concert) – Festival de Beaune, 3 juillet 2015.
Reprise du concert à la Philharmonie de Paris, le 10 décembre.
Festival international d’opéra baroque et romantique de Beaune, jusqu'au 25 juillet 2015 / www.festivalbeaune.com
Photo © Philippe Léglise
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