La passion de Jean-Louis Charbonnier pour la musique de Marin Marais s’est illustrée par une intégrale discographique des pièces de viole du compositeur français (1). Si Tous les matins du monde (1991), le célèbre film d’Alain Corneau, a beaucoup contribué à populariser la viole, et le nom de Jordi Savall, il ne faudrait pas oublier toutefois que J.-L. Charbonnier, ancien élève de Savall à Zurich, fut aussi impliqué dans l’aventure en tant qu’assistant d’A. Corneau : c’est lui qui se chargea d’initier à la viole Gérard et Guillaume Depardieu et Jean-Pierre Marielle.
 
En 2006, quatre ans avant l’achèvement de son intégrale Marais, Jean-Louis Charbonnier avait pris l’initiative d’un Festival Marin Marais à Paris, manifestation qui a su au fil des ans fidéliser un public de passionnés. A n’en pas douter, celui-ci ne pourra que s’élargir cette année avec un 10^e Festival d’une qualité et d’une diversité remarquables.
Diversité des répertoires d’abord car, par-delà la référence à Marais, l’affiche s’impose comme une véritable fête musicale Renaissance et baroque, de chansons et danseries de Janequin, Certon ou Praetorius à des ouvrages de Zelenka, Bach et Vivaldi, en passant par Schütz et Purcell. Diversité des interprètes aussi, puisque les aînés côtoient de nombreux interprètes talentueux de la nouvelle génération au cours d’une série de dix-sept concerts répartis du 11 septembre au 18 octobre.
 

(de g. à dr. ) Mauricio Buraglia, Pierre Trocellier, Paul Rousseau et Jean-Louis Charbonnier

A tout seigneur… Jean-Louis Charbonnier, entouré de Paul Rousseau, Mauricio Buraglia et Pierre Trocellier, ouvre la 10^ème édition avec des pièces tirées du Troisième Livre de Marais, et l’on retrouve par exemple ensuite Philippe Allain-Dupré et ses compères flûtistes, Patrick Bismuth, avec son ensemble La Tempesta (dans la musique de Biber qui leur réussit tant…) et en duo avec Laure Morabito, ou encore la flûte de Laurence Pottier dans un programme tout Hotteterre.

La forte proportion de jeunes interprètes et jeunes ensembles n’en reste pas moins l’un des traits dominants du 10^ème Festival. On est curieux du programme Monteverdi, Landi, Frescobaldi de l’Ensemble Actéon, comme d’un grand voyage dans l’Europe baroque avec Le Concert des Hespérides, d’un concert Purcell de l’Ensemble Ma non Troppo ou du « In Concerto Stat Virtus », grand concours de concertos entre quatre nations proposé par l’inventif ensemble Les Contre-Sujets. Autre formation constituée récemment (en 2012), L’Escadron volant de la Reine (photo) se présente dans des pages sacrées de Schütz, Buxtehude, Walther, Förtsch, etc. : une excellente occasion pour découvrir des musiciens que la Fondation Singer Polignac a pris sous son aile.
Côté instrumental, les amateurs de moments intimistes guetteront le récital Saint-Colombe et Forqueray de Marion Martineau et Atsushi Sakai ou le dialogue de Robin Pharo (violiste, par ailleurs membre de l’Ensemble Nevermind de Jean Rondeau) et Thibaut Roussel dans des pages de Dollé et de Visée.

Comme de coutume, le Festival Marais a pour centre de gravité le temple du Foyer de l’Âme, près de la Bastille, mais investit aussi chaque dimanche la cave du 38Riv’ (les concerts y sont doublés à 17h et 19h) et, pour la première fois cette année, le temple de Passy-Annonciation.
 
Alain Cochard

 (1) Entamée chez Pierre Verany-Arion, cette entreprise de longue haleine s’est achevé chez Ligia digital
 
10^ème Festival Marais
Du 11 septembre au 18 octobre 2015
Paris
- Temple du Foyer de l’Âme (7bis, rue du Pasteur Wagner, 75011)
- Temple de Passy-Annonciation (16, rue Cortambert, 75016)
- Cave du 38Riv’ (38, rue de Rivoli, 75004)
http://www.concertclassic.com/festival/festival-marin-marais
 
 
Photo L’Escadron volant de la Reine © www.escadronvolant.com