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Trois Questions à Alain Surrans, Président des Forces Musicales - Unité d'action

La Chambre Professionnelle des Directions d’Opéra  (CPDO) et le Syndicat National des Orchestres et des Théâtres Lyriques (SYNOLYR) viennent de s’unir pour constituer un syndicat professionnel unique : Les Forces Musicales. Alain Surrans (photo), directeur de l’Opéra de Rennes, qui occupait jusqu’à présent la présidence de la CPDO, a été élu président des Forces Musicales pour deux ans. Jusqu’ici présidente du SYNOLYR, Fabienne Voisin, directrice de l’Orchestre national d’Ile-de-France, assure la vice-présidence du nouveau syndicat
 
 
Pourquoi avoir décidé de fusionner la CPDO et le SYNOLYR en un unique syndicat ?
 
Alain SURRANS : L’histoire a fait qu’il y a des tranches de développement de la culture, notamment dans le spectacle vivant, qui ont donné naissance à des syndicats différents pour une activité qui est celle du spectacle vivant, qui devrait pouvoir être unifiée. Il existait jusqu’ici cinq syndicats du spectacle vivant public, dont la Chambre Professionnelle des Directions d’Opéra et le Syndicat National des Orchestres et des Théâtre Lyriques. Nous défendons les mêmes valeurs et il n’y avait pas de raison d’avoir deux syndicats en vérité. Nous sommes des institutions marquées par la permanence de l’emploi et nous construisons des projets à partir de la permanence des musiciens, des chanteurs, des danseurs, etc., projets qui nous permettent de participer à des politiques publiques de la culture, sachant que nous sommes aussi, et c’est une autre caractéristique, des institutions très anciennes, préexistantes aux politiques du Ministère de la Culture, qui n’ont après tout commencé qu’il y a une soixantaine d’années.
Nos maisons d’opéra, nos orchestres remontent parfois au XVIIIe siècle ; il y a une vraie relation historique aux villes, aux collectivités territoriales. Très tôt les villes ont eu le souci de sécuriser les emplois de ceux qui travaillaient dans ces institutions et, à une époque où l’on était encore dans un système d’exploitation privé, la ville garantissait les salaires de l’ensemble du personnel des théâtres et des orchestres. Cette relation particulière avec les collectivités territoriales implique une participation à la politique culturelle que mènent celles-ci et à leur évolution. Nous nous sommes lancés dans des politiques d’action culturelle dans le domaine musical depuis maintenant plusieurs décennies et nous sommes partie intégrante de la culture sur les territoires municipaux, mais aussi régionaux. Prenez par exemple le projet de l’Orchestre national de Lille ; il porte le nom de Lille, mais il a toujours été celui de la Région Nord-Pas de Calais. C’est un projet magnifique qui date maintenant d’il y a quarante ans. Nous occupons donc une place particulière, nous sommes aux côtés des syndicats de salariés pour défendre l’emploi permanent et nous avons un vrai tropisme de rayonnement et d’action culturelle sur les terrains qui sont les nôtres.
 
Quels sont les chantiers auxquels vont s’attaquer Les Forces Musicales ?
 
A.S. : La loi sur la liberté de création, l’architecture et le patrimoine est une chose très importante pour nous dans la mesure où l’un de ses articles est là pour sécuriser l’emploi, permanent notamment, dans nos institutions. Nous sommes très présents auprès des parlementaires et du Ministère de la Culture. Nous avons même eu des entretiens avec le Premier ministre sur cette question. C’est une loi importante pour nous comme pour tous les acteurs du spectacle vivant car elle consacre le principe de liberté de création.
 
Nous serons évidemment présents lors de la Conférence sociale des 15 et 16 octobre. Un certain nombre d’avancées ont été faites sur la question des intermittents. Mais tout cela n’est jamais fini, il faut toujours recommencer, redire combien ces Annexes 8 & 10 de l’Unedic sont importantes pour nous, même nous prônons la permanence de l’emploi et pas seulement la défense de l’intermittence – mais nous utilisons aussi beaucoup d’intermittents dans nos institutions.
 
Il ne faut pas oublier le travail au quotidien autour de la convention collective. Une convention collective est comparable à un organisme vivant, elle bouge, elle progresse, elle s’affine ; cela crée une conférence permanente des syndicats d’employeurs et des syndicats de salariés pour discuter de son application.
 
Enfin, un grand chantier assez politique s’ouvre avec la naissance des nouvelles régions dans lesquelles nos institutions doivent pouvoir conforter leur place. Ces questions de rayonnement et de mobilité vont être envisagées sous l’angle de ce redécoupage territorial, avec de nouvelles régions qui auront plusieurs maisons d’opéra – ce qui était déjà le cas parfois. C’est l’occasion de faire de nouvelles expérimentations et de nous questionner avec imagination sur nos activités.
 
Quelle sera l’articulation entre Les Forces Musicales, la Réunion des Opéras de France ( ROF) l’Association Française des Orchestres (AFO) ?
 
A.S. : Pas de grand changement sur ce point.  Le CPDO et le SYNOLYR avaient déjà des relations, respectivement avec la ROF et l’AFO, relations qui passent d’abord par une répartition des missions. Notre rôle de syndicat patronal s’incarne dans les tâches que j’ai précédemment énumérées, le rôle de l’AFO et de la ROF est de mettre en valeur nos activités symphoniques et lyriques, par l’intermédiaire du portail des opéras de France et celui des orchestres, mais aussi par des manifestations telles qu’ « Orchestres en fête » et « Tous à l’Opéra ». Pour le reste nous sommes en dialogue permanent sur plan social et politique, pour aller à l’offensive par rapport à l’Etat et aux collectivités territoriales.
 
Propos recueillis par Alain Cochard, le 29 septembre 2015
 
Photo Alain Surrans © DR

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