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Saint-François d’Assise de Gounod en recréation mondiale à la Philharmonie 2 – De Barbeyrac à son meilleur – Compte-rendu

Grand jour pour Pascal Escande que ce 22 juin, marqué par la recréation mondiale du Saint François d’Assise de Charles Gounod dans le cadre d’une soirée hors les murs du 36e Festival d’Auvers-sur-Oise à la Philharmonie 2. On doit en effet au directeur de la manifestation valdoisienne la découverte en 1986 du conducteur de l’ultime oratorio de l’auteur de Faust, dans les archives de la Congrégation des Sœurs de la Charité de Saint-Louis. Après une première exécution (avec accompagnement d’orgue, dans une réduction réalisée par Raymond Alessandrini) à Pontoise en 1996, le Festival d’Auvers a pu enfin faire entendre la version originale de Saint François d’Assise, en coproduction avec l’Orchestre de chambre de Paris, Accentus et la Philharmonie de Paris.
 
Oratorio ? Il s’agit certes de la dernière œuvre du genre de Gounod, mais le terme s’avère trompeur, laissant imaginer une réalisation de grandes dimensions alors qu’elle ne totalise qu’une petite trentaine de minutes. « (...) Un rêve vient de me traverser l’esprit, écrivait le compositeur à Paul Gay (auteur du poème) en 1890 : c’est d’écrire une sorte de diptyque musical à la façon des tableaux des primitifs, sur saint François d’Assise ». Et de le concrétiser dans une partition concise, servie par une orchestration raffinée, dont il conduisit la création dans le cadre des Concerts Spirituels de la Société des Concerts les 27 et 28 mars 1891. A la manière des primitifs ? Terrain glissant que la délicatesse et le caractère plutôt naïf d’une composition qui pourrait aisément verser dans la guimauve bondieusarde.
 

© Festival d'Auvers-sur-Oise

Il fallait des interprètes tels que ceux réunis à la Philharmonie 2 pour réussir sa recréation. A commencer par un Stanislas de Barbeyrac (photo) à son meilleur. Avec le calme de ceux qui savent où ils vont, le ténor s’impose peu à peu parmi les très grandes voix françaises. Par sa sobriété, sa ferveur contenue, il incarne le plus beau des Saint François, certes. Mais en savourant ce sens de la ligne, cette homogénéité, ce timbre doré, et surtout cette profonde musicalité, c’est bien l’un des grands Lohengrin de demain que l’on a la conviction d’écouter – chi va piano ...
Dans le rôle bien plus modeste ­- si l’on peut dire - du Christ, Florian Sempey offre une réplique toute de style et de bienveillance à son partenaire, sous la baguette d’une Laurence Equilbey - à la tête d'un OCP très impliqué - attentive aux coloris de la partition et n'empesant jamais son lyrisme, bien aidée en cela par un chœur Accentus impeccablement préparé par Christophe Grapperon.
Une belle redécouverte que le Palazzetto Bru Zane a opportunément enregistrée, dans la perspective du bicentenaire Gounod de 2018.
 
Autant dire que se refermait en beauté, et sous des applaudissements enthousiastes, une soirée qui avait plutôt platement commencé. Mettons sur le compte de la mise en jambe une interprétation très prosaïque du poème symphonique Du berceau à la tombe de Liszt placé en début de programme. A moins que, se disait-on a posteriori, les musiciens ne s’acheminassent à reculons vers... la suite : la Légende de sainte Cécile. Un ouvrage – bref, fort heureusement (15’) – pour mezzo, chœur et orchestre que Liszt commit en 1874 sur des paroles d’une certaine Mme de Girardin. Le compositeur avait sûrement une grande dette envers la susnommée pour consentir à mettre en musique un texte aussi plat et niais. « Sainte Cécile, patronne des inspirés » ... :  elle s’est bien vengée ce jour-là, laissant le grand Franz s’embourber jusqu’aux sourcils dans un affligeant pompiérisme sulpicien - quelle tristesse de voir Karine Deshayes gâcher son talent dans cet étouffe-chrétien ...
 
Par chance la première partie se concluait par l’Hymne à sainte Cécile pour violon et orchestre (1865-1878) de Gounod. Une pièce courte (6’) et charmante, tout en lyrisme, dans laquelle le violon lumineux et tendre de Deborah Nemtanu a fait merveille, porté par l’accompagnement soigné et miroitant de l’Orchestre de chambre de Paris (mention spéciale pour la harpe). Une forme d’antidote à ce qui avait précédé.
 
Alain Cochard

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Paris, Philharmonie 2 (Salle de concerts), 22 juin 2016

Photo © Festival d'Auvers-sur-Oise

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