La 14^ème édition de Lille Piano(s) Festival – dont Jean-Claude Casadesus assure la direction artistique – n’a pas dérogé à sa réputation de diversité et d’ouverture à un très vaste répertoire en convoquant musique classique mais aussi jazz, rock et... accordéon japonais ! Jeunes interprètes et solistes chevronnés se côtoient dans une atmosphère où la convivialité prévaut.

Elena Bashkirova et Jean-Claude Casadesus © Ugo Ponte
 
Le concert d’ouverture est comme chaque année confié à l’Orchestre national de Lille sous la direction de son chef fondateur Jean-Claude Casadesus. Tout oppose sur les plans stylistique et pianistique les deux solistes invités. Elena Bashkirova interprète le Concerto n° 21 de Mozart de manière romantique avec des cadences dont elle est l’auteur et qui tranchent sur la conduite très classique et sans pathos d’un chef relançant sans cesse le discours et mettant en avant la subtilité de l’écriture (belles interventions de la petite harmonie).
Sous les doigts de Stephen Hough, une virtuosité étincelante prend ses droits dans la Rhapsodie sur un thème de Paganini, toute de nuances, de délicatesse, de tendresse et d’une maîtrise technique remarquable.
 
Spécialiste de Philip Glass, l’Islandais Vikingur Ólafsson met celui-ci en regard avec Bach ; la Partita n° 6 BWV 830 est exécutée de manière plus convenue que Opening et trois des études du compositeur américain, domaine où il excelle.

Philippe Bianconi © Ugo Ponte

En récital au Conservatoire, Philippe Bianconi s’immerge dans l’univers de Schumann, se confrontant aux Papillons, au Carnaval et aux ultimes Chants de l’Aube. On ne répètera jamais assez combien le pianiste français sait allier rigueur et imagination dans des œuvres qu’il remet sans cesse sur le métier, sachant débusquer derrière l’écriture arachnéenne du compositeur allemand la poésie, la clarté et la luminosité avec une rare science de la sonorité. Une réalisation d’orfèvre.
 
Michel Le Naour

Lille, Auditorium du Nouveau Siècle et Conservatoire, 9 et 10 juin 2017
 
Photo Stephan Hough © Ugo Ponte