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Marie-Catherine Girod et Sheng Wang au 34e Festival Chopin – Passage de témoin – Compte-rendu
Professeur à l’Ecole Normale de Musique de Paris, Marie-Catherine Girod (photo) a toujours mené, outre son activité de soliste souvent non conformiste – que de répertoires rares défrichés, de D’Indy à Bowen en passant par Bax et Ferroud ! –, une carrière de pédagogue avec un enthousiasme intact. Son disciple, le jeune chinois Sheng Wang, qui termine son cursus dans la vénérable institution du boulevard Malesherbes, s’est déjà produit en 2016 à l’Orangerie dans le cadre de la journée « Piano à portes ouvertes ».
Doté de moyens techniques exceptionnels, il se comporte en véritable professionnel. Les trois Nocturnes op. 9 de Chopin manquent de couleurs sous ses doigts agiles mais non de style et de compréhension du rubato. Dans la Sonate n° 6 de Prokofiev, il dégage beaucoup d’énergie au détriment parfois de la réflexion ; le mouvement lent (Tempo di valzer lentissimo), trop académique, néglige le lyrisme. En revanche, rien ne résiste à un jeu puissant et décidé qui ne manque pas de qualités mais demande à s’affiner.
En seconde partie, le ton change dès que Marie-Catherine Girod s’empare du clavier. A la fluidité des Trois Nouvelles Etudes de Chopin répondent un 2e Scherzo bien timbré et d’une fureur contrôlée puis quatre Nocturnes, op. 48 et op. 55, aux nuances savamment distillées. Comme improvisée, la Fantaisie op. 49 vibre d’une intense passion et ne lâche jamais l’auditeur par son naturel dans l’éloquence.
Moment de détente enfin quand professeur et disciple se retrouvent dans les Souvenirs de Bayreuth de Fauré et Messager, joyeuse pochade à quatre mains sur les opéras de Wagner. En totale osmose, les deux interprètes s’en donnent à cœur joie !
Michel Le Naour
Paris, Orangerie du Parc de Bagatelle, 27 juin 2017
Photo © DR
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