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Roméo et Juliette, revu et – fortement – corrigé par la compagnie Deracinemoa et l’ensemble Contraste au Midsummer Festival d'Hardelot – Le bazar de Vérone
Pour sa 8ème édition, le Midsummer Festival a joué comme de coutume la carte de la rencontre franco-britannique et de la diversité des genres (musique, danse, théâtre) avec des artistes tels que L’Ensemble XVIII-21, Correspondances, Irina Brook, Mary Carewe, Justin Taylor, le Quatuor Béla, etc. Point d’orgue shakespearien à l’édition 2017, le Roméo et Juliette de Deracinemoa et Contraste était présenté en création.
Tous ceux qui ont découvert leur Fairy Queen, (créée en 2105 à Hardelot et reprise en 2016 puis en février dernier), « opéra tout terrain » totalement déjanté, s’attendaient à ne pas passer une soirée morose. Ils n’auront pas regretté le déplacement !
Les histoires d’amour finissent mal en général... et celle des amants de Vérone – tout particulièrement – n’échappe pas à la règle. Début de spectacle avec les cercueils sur scène et une officiante particulièrement nunuche, au bord de l’asphyxie dans la fumée de l’encensoir. D’entrée de jeu, les fous rires sont de mise et ponctueront le récit des tragiques amours de Roméo et Juliette. Celui-ci constituent bien évidemment le fil conducteur de la soirée, mais devient prétexte pour Deracinemoa au déclenchement d’une tornade de gags.
Comme de coutume avec la compagnie messine, la salle est beaucoup sollicitée – quelques pas de danse pour monsieur, un petit séjour dans un cercueil, mais si ... allez !, c’est pour rire, pour la charmante demoiselle du premier rang, etc. Les comédiens (Mathilde Labé, Jean-Luc Prévost, Olivier Piechaczyk, Laurent-Guillaume Dehlinger, par ailleurs directeur artistique de Deracinemoa, sans oublier la danseuse Amélie Patard) mènent l’affaire avec le tonus qu’on leur connaît et une bluffante aptitude à jongler avec les rôles. Car, dans ce loufoque bazar véronais, on peut aussi bien être Roméo qu’Escalus, Mercutio que Tybalt, Frère Laurent (façon prédicateur évangélique) qu’une patineuse à glace, un pompier de service que la nourrice de Juliette. Ah ! cette nourrice ... Formidable Jean-Luc Prévost ! ; sa Titania nous avait fait rire aux larmes dans Fairy Queen et l’on n’est pas prêt de l’oublier ici, sous les traits d’une sympathique bigoudène qui semble débarquer tout droit de Plobannalec avec son chouchen (empoisonné !) et sa quiche aux cocos de Paimpol et aux bigorneaux.
Impossible de raconter un spectacle de Deracinemoa, de décrire ce bal avec son Rubik’s Cube géant et son cheval de peluche, tout comme une foison d’autres situations cocasses, surréalistes (le ballet de gambettes dans le cercueil !) et inattendues. Ceux qui avaient goûté à Fairy Queen retrouvent les fondamentaux du Shakespeare revu et – fortement – corrigé par Deracinemoa et Contraste, mais avec cette fois un certain déséquilibre au détriment de la musique.
Roméo et Juliette/West Side Story : annonce l’affiche ... Au cours d’un spectacle long de près de deux heures quarante-cinq minutes certains gags mériteraient d’être passés à la trappe ou de subir quelques coups de sécateur (les pompiers de service ou la scène sur les transats, inutiles, l’apparition du couple de patineuses à glace, trop longue), pour mieux mettre en valeur le travail, comme toujours remarquable, des musiciens de Contraste (Arnaud Thorette, Antoine, Pierlot, Jean-Luc Votano et Johann Farjot) et des deux chanteurs qui les accompagnent avec talent dans cette aventure, la soprano Irina de Baghy et le ténor Constantin Goubet. D’ailleurs, s’aviserait-on d’injecter un généreux supplément de musique – de Bernstein ou d’un autre(1) – dans ce Roméo et Juliette que, franchement, nul ne s’en plaindrait ...
Reprise du spectacle dès ce 21 juillet dans le cadre du Festival les Antiques de Glanum à Saint-Rémy-de-Provence.
Alain Cochard
Shakespeare/Bernstein : Roméo et Juliette - Condette, théâtre du Château d’Harlelot, 14 juillet 2017 / Reprise le 21 juillet à Saint-Rémy-de-Provence : www.festivallesantiquesdeglanum.com
Photo © Martin Agyroglo
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