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L’Ensemble Aedes interprète les Vêpres de la Vierge de Philippe Hersant – Version intimiste
Présentée le 10 décembre 2013 à l’occasion du Jubilé de Notre-Dame de Paris, l’œuvre y avait tout naturellement été donnée par les forces vocales de la Cathédrale, sous la direction de Lionel Sow, une première remarquée dont Michel Roubinet n’avait pas manqué de se faire l’écho dans nos colonnes (1).
Cette version initiale, à la mesure du grand vaisseau de pierre et du contexte du Jubilé, était ainsi présentée par son auteur : « Les Vêpres sont écrites pour un grand effectif vocal (traité la plupart du temps en triple chœur), un chœur d'enfants, un baryton solo, un ou deux orgues et cloches. J'y ai adjoint un ensemble de cuivres anciens (deux cornets et trois sacqueboutes), manière pour moi de rendre hommage aux Vêpres de Monteverdi. Ce n'est pas là la seule référence au passé, puisque de nombreux thèmes grégoriens irriguent ces Vêpres : l'Ave Maris Stella, l'Ave Maria (sur lequel sont bâties les 3 toccatas), le Magnificat du 8ème ton - tandis que le Psaume 121 s'inspire du O virgo splendens du Livre Vermeil de Montserrat. Les interventions des cuivres, avec leurs volutes, leurs fanfares et leurs jeux de réponse en écho, évoquent quant à elles les musiques italiennes du 17ème siècle. Et les ritournelles que je leur ai confiées dans le Magnificat citent les Litanies de la Vierge Marie de Monteverdi et l'Ave, dulcissima Maria de Gesualdo. »
Après avoir un temps envisagé une reprise de la version originale avec l’Ensemble Aedes, l’option d’une version plus courte et intimiste s’est imposée. Outre l’importance de l’effectif – et son coût pour l’organisateur –, tous les lieux ne disposent pas de deux orgues. Seuls demeurent donc les trois premiers morceaux et le Magnificat (on passe de 75 à une quarantaine de minutes) pour une vingtaine de chanteurs et orgue.
L’amorce de cette nouvelle mouture des Vêpres était apparue dès l’an dernier avec la création en version réduite du seul Magnificat par le Chœur Britten de Nicole Corti, dans le cadre du festival de la Chaise-Dieu.
On ne s’étonne pas de retrouver Aedes associé à la musique de Philippe Hersant à l’occasion de la tournée qui débute. Une complicité d’une décennie unit en effet l’artiste à Mathieu Romano et ses troupes. Le compositeur n’a pas oublié son premier contact avec eux, ni l’écoute d’un enregistrement de concert du Via Crucis de Liszt que le chef avait soumis à son jugement. Impressionné, il avait accepté une commande du jeune ensemble, alors pratiquement inconnu. En 2008 à Belfort, Aedes créait les Trois Poèmes d’Einchendorff ; « une exécution formidable », se remémore P. Hersant.
Autant dire que, quelques années plus tard, il accueillit avec enthousiasme la perspective d’une nouvelle collaboration avec ces interprètes, dans le cadre d’une résidence à Clairvaux. Des poèmes de détenus furent à la source d’Instants limites, pour chœur mixte et instruments, que Mathieu Romano et Aedes créèrent en septembre 2012 à l’Abbaye de Clairvaux. L’ouvrage a été enregistré pour le label AEON : « l’un des disques que je préfère dans ma discographie, par l’excellence de ce chœur et de son chef, confie le compositeur » - le compliment n’est pas mince venant d’un tel maître de la musique chorale.
« Mathieu Romano est très exigeant avec ses chanteurs, tout en demeurant absolument calme, il n’a rien de l’autocrate qui hurle sur ses troupes, remarque P. Hersant. Lors de la création d’Instants limites, j’avais été très sensible au fait qu’il avait organisé une première répétition trois ou quatre mois en amont. J’apprécie la qualité de son travail, sa capacité à s’y prendre très avance ; rien à voir avec les mises en place de dernière minute auxquelles on assiste parfois. »
Tout au long de la tournée, la nouvelle version des Vêpres (donnée avec le renfort des Petits Chanteurs de Lyon et de Louis-Noël Bestion à l’orgue) sera présentée avec des compléments de programme variables selon les lieux, Mendelssohn et Bruckner à Vézelay, Poulenc, Mendelssohn et Bruckner au festival de la Chaise-Dieu (cathédrale du Puy-en-Velay), Reger, Mendelssohn, Bruckner et Brahms à Besançon ( le concert de Dole ne comportant que le Magnificat, associé à des pièces de Kuhnau/Bach, Schütz, Buxtehude, Mendelssohn et Bruckner).
On espère – le compositeur aussi ! – que les circonstances permettant la création en effectif réduit de la totalité des huit morceaux que comprend la version initiale des Vêpres viendront à se présenter sans trop tarder.
Alain Cochard
(Entretien avec Philippe Hersant réalisé le 16 juin 2017)
(1) Lire le CR : www.concertclassic.com/article/les-vepres-de-philippe-hersant-notre-dame-de-paris-musique-de-lespace-compte-rendu
24 août 2017 – 21h
Vézelay – Basilique
www.lacitedelavoix.net/agenda/chant-du-soir/
26 août 2017 – 21h
Le Puy-en-Velay - Cathédrale Notre-Dame
www.chaise-dieu.com/fr/ode-la-vierge-noire
14 septembre 2017 – 20h30 ( Magnificat slt)
Dole – Collégiale
www.festival-besancon.com/production/magnificat/
15 septembre 2017 – 20h00
Besançon – Eglise Sainte-Madeleine
5 octobre 2017
Compiègne – Théâtre impérial
www.theatre-imperial.com/les-vepres-de-la-vierge-marie-12
Photo Philippe Hersant © Radio France / Christophe Abramowitz
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