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Compte-rendu : Illusions poétiques contemporaines - l’Itinéraire et l’EOC interprètent François Paris
Le concert monographique est devenu rare en musique contemporaine. Chefs et ensembles lui préfèrent souvent jouer le jeu des filiations ou des oppositions de style. Pourtant, se plonger dans l’œuvre d’un compositeur peut être particulièrement passionnant quand elle est aussi riche et personnelle que celle de François Paris (né en 1961) que L’Itinéraire avait choisi de présenter. Pour ce faire, l’ensemble s’est assuré le concours de son homologue lyonnais, l’Ensemble orchestral contemporain, et de son chef, Daniel Kawka. Sur la nuque de la mer étoilée, dans sa version pour ensemble, date de 2004 mais constitue en fait un développement d’une première version pour sept instrumentistes créée par l’ensemble TM+ en 1994.
Dans les deux cas, l’œuvre repose sur un canevas sonore établi par la percussion et les deux claviers électroniques. Élargie aux dimensions d’un petit orchestre – ici, les dix-huit solistes de l’Ensemble orchestral contemporain –, l’œuvre voit s’amplifier ses mouvements de ressac ; le dialogue entre les vents et les cordes contribuant à un élargissement de l’espace sonore. Pour Settembre, commande d’État donnée en création, Daniel Kawka dirige pour la première fois L’Itinéraire. François Paris y poursuit son méticuleux travail d’artisan du sonore. Si l’on reconnaît certains traits constants de son langage – la pulsation, le dépassement de la gamme chromatique occidentale –, il s’y ajoute une maîtrise sidérante de l’atmosphère sonore. Il y a dans l’art de François Paris une forme d’illusionnisme qui était déjà bien sensible dans L’Empreinte du cygne (1997).
Dix ans après sa création, ce double concerto pour violoncelle, piano et orchestre garde intacte sa capacité à surprendre. Aux très virtuoses moments solistes, l’orchestre vient se superposer en un miroir aux déformations étonnantes. L’Itinéraire et l’EOC, réunis sous la direction très engagée de Daniel Kawka, montrent un enthousiasme et une facilité déconcertante à s’emparer de cette écriture exigeante, tout en micro-intervalles. En solistes, Florian Lauridon, qui avait participé à la création sous la direction de Laurent Cuniot, et Ancuza Aprodu, qui a remplacé au pied levé (!) le pianiste initialement prévu, affichent quant à eux la générosité de musiciens qui croient avec passion à cette musique nouvelle, au plein sens du mot.
Jean-Guillaume Lebrun
Paris, Auditorium Saint-Germain, mardi 4 mai 2010
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Photo : DR
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