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Le Requiem de Verdi à l’Opéra de Marseille – L’âme italienne – Compte rendu

 

 
Verdi, Spotti, Marseille : une grande histoire d’amour ... Et pour écouter le Requiem qui n’avait plus été donné à l’Opéra depuis seize ans, les fidèles avaient pris d’assaut les quelque 1800 places disponibles. Ils ne l’ont pas regretté ! Tout ou presque, a été dit et écrit sur cette œuvre magistrale composée par Verdi pour honorer la mémoire de son ami, le poète Alessandro Manzoni. Le compositeur s’était longtemps demandé s’il y avait une utilité à composer une messe de Requiem alors qu’il y en avait déjà « tant et tant ». La douleur engendrée par la disparition de l’écrivain eut raison de sa retenue et le Requiem pour Manzoni fut créé à Milan, sous la direction du Verdi, le 22 mai 1874, un an après le décès du poète.
 
Marseille la cosmopolite a du sang italien dans les veines. Nombre de fratelli y ont posé leurs bagages à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Toscans et napolitains sont majoritaires au cœur de cette « petite Naples » qui se constitue autour du Vieux-Port. Ils ont apporté avec eux les mandolines et l’art du bel canto. On comprend mieux, dès lors, la passion toujours vive des mélomanes pour les compositeurs transalpins. Michele Spotti ne s’y est pas trompé qui a accepté le poste de directeur musical de l’Opéra et nous confiait il y a quelques temps que Marseille était, pour lui, la ville hors de la botte qui lui rappelait le plus son pays natal.(1)
 

de g. à dr. : Angelique Boudeville, Anna Goryachova, Ivan Ayon-Rivas, Simon Lim et Michele Spotti © Christian Dresse
 
L’orchestre, dont l’évolution qualitative n’est plus à vanter, sonne merveilleusement pour Verdi, Rossini, Puccini et les autres avec ses couleurs chaudes et lumineuses. Des qualités dont il a fait preuve dans ce Requiem à l’architecture si particulière, mise en valeur par la direction précise et emplie d’humanité de Michele Spotti. Chaque partie livre son âme, tantôt avec puissance, tantôt avec sérénité mais toujours cette couleur verdienne si particulière et le romantisme qui l’accompagne.
 
Grandement sollicité tout au long de l’ouvrage, le chœur de l’Opéra, renforcé de quelques éléments, a parfaitement tenu son rang, même sans atteindre le nombre de choristes réunis à la création (120) ; il y en avait moitié moins, ce qui n’a pas nuit à la force des interventions, l’acoustique de la salle permettant une écoute idéale. Un travail de qualité bien préparé sous la direction de Florent Mayet. Disposés devant l’orchestre et face au maestro, les solistes ont travaillé dans le registre commun ici à tous les interprètes, préférant l’intériorité et l’émotion à la puissance et la bravoure. Le Libera me final de la soprano fut livré de façon apaisée par Angelique Boudeville, l’Ingemisco bien détaillé par le Péruvien Ivan Ayon-Rivas, la mezzo-soprano Anna Goryachova et la basse Simon Lim apportant solidité et profondeur aux ensembles ainsi qu’à leurs airs. Un quatuor parfaitement assorti à ce Requiem très italien.
 
Michel Egéa

 

> Les prochains Requiems en France <

(1)        Lire l’ITV : www.concertclassic.com/article/une-interview-de-michele-spotti-directeur-musical-de-lopera-de-marseille-marseille-est
 
Marseille, Opéra, 19 janvier 2025 -  Diffusion sur Radio Classique le 9 février 2025 (20h) puis disponible en replay sur radio-classique.fr

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