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L’Olimpiade de Myslivecek au Théâtre de Caen - Marathon olympique - Compte-rendu
Acclamé en concert et au disque (Zig-Zag) pour ses Zelenka, l’ensemble Collegium 1704 s’était, en 2009, attaqué à la scène avec un Rinaldo de Haendel, coproduit par les théâtres de Prague, Caen, Rennes et Luxembourg. C’est la même coalition (Dijon se substituant à Rennes) qui propose aujourd’hui un opéra nettement plus rare : L’Olimpiade du « divin Bohémien » Josef Myslivecek (1737-1781). Ami et admiré du jeune Mozart, auquel furent attribuées plusieurs de ses œuvres, ce Tchèque qui fit l’essentiel de sa carrière en Italie n’est guère connu chez nous - et l’on encourage le discophile à se procurer son Bellerofonte (Supraphon), son Abramo e Isacco (Bonton), sa Passione di Gesù (Capriccio) ou les airs enregistrés par Magdalena Kozena (DG).
Créée à Naples en 1778, L’Olimpiade fait partie de ses œuvres tardives : on avouera l’avoir trouvée moins inspirée que les pages sus-citées, trop engoncée dans les formules « napolitaines » alors en décadence (arias fleuries sur basses en notes répétées au premier acte, airs syllabiques relevés de contretemps ensuite…). Cinquante-trois fois mis en musique depuis sa création, en 1733, le livret de Métastase, nous est, lui, familier, grâce aux versions de Vivaldi et Pergolèse.
Ursel Herrmann – qui l’aborde, pour une fois, sans l’aide de son époux – peine à en cerner les enjeux : ce drame de l’amitié et de la responsabilité ne l’intéresse guère, elle préfère y chercher la main du fatum, qu’elle fait incarner par quatre « fantômes » vêtus de vert, lesquels tiennent aussi, très efficacement, les chœurs. Le procédé laisse perplexe, bien qu’il permette une intéressante scène de folie à la fin de l’Acte II (les furies qui tourmentent Licida sont alors évoquées grâce à un frappant jeu de torches électriques !). Si la direction d’acteurs, toujours attentive, campe de véritables personnages (Clistene, notamment), le dispositif scénique, fort laid, avec ses néons et murs recouverts de pelouse synthétique, glace une émotion que des costumes génériques n’aident pas à naître. En outre, le corridor de fond de scène prête à de trop fréquentes et agaçantes « fausses sorties ». Plus grave : il avale les voix, surtout dans les récitatifs, qui auraient vraiment réclamés l’aide d’un répétiteur italien ! Car, conçues pour les plus grands gosiers du temps (dont le castrat Marchesi), la partition en exige d’incomparables – ce que n’offre pas la distribution ici rassemblée.
Certains jeunes chanteurs semblent franchement dépassés : le ténor Jaroslav Brezina (Aminta), ridiculement grimé en duègne, la mezzo Tehila Nini Goldstein (Licida), à laquelle on impose inutilement la terrible scène de Fulvia extraite de l’Ezio de Gluck, en finale. D’autres pèchent par le style : la mezzo Sophie Harmsen en Argene et même la soprano Raffaela Milanesi, qui abuse des effets de soufflet en Megacle. Le ténor Johannes Chum (Clistene, dont on a coupé le second air) et, surtout, la véloce soprano Simona Houda-Saturova (Aristea) tirent, eux, leur épingle du jeu grâce à une émission et une diction plus saines.
Si la direction de Vaclav Luks flatte la dynamique de son bel orchestre et met en valeur la rhétorique de l’œuvre, le chef tchèque n’a pas la fibre lyrique : souvent sec, parfois précautionneux, il ne possède pas ce souffle, cette respiration vocale qu’affiche son rival Adam Viktora, scandaleusement méconnu en France. L’opéra italien est-il son terrain d’élection ? On en doute un peu… Mais faisons la part des difficultés de l’ouvrage qui, tout juste ressuscité, sera peut-être dompté au fil des reprises.
Olivier Rouvière
Josef Myslivecek : L’Olimpiade – Caen, Théâtre, 25 mai, prochaines représentations les 22, 24 mai (Opéra de Dijon) ; les 4 et 5 juin 2013 (Grand Théâtre du Luxembourg).
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Photo : Hana-Smejkalová
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