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Rencontre avec... Jean-Frédéric Neuburger - « Aller au plus loin de ce que peut faire l’instrument »
Rencontre avec... Jean-Frédéric Neuburger - « Aller au plus loin de ce que peut faire l’instrument »
La création contemporaine est, par essence, un monde en mouvement constant. Il est bon parfois de s’y arrêter, regarder en arrière les chemins parcourus, remettre à leur place les différentes voies de la modernité. Jean-Frédéric Neuburger s’y attèle, en pianiste et compositeur, avec un récital à la Fondation Louis Vuitton, jeudi 5 décembre, au programme magnifiquement funambulesque qui réunit Pierre Boulez, Salvatore Sciarrino, Thomas Adès et trois de ses propres Études pour piano données en création.
« Ces Études sont sans doute, de tous mes projets, celui ou se retrouve autant le compositeur que le pianiste, annonce d’emblée le musicien de 32 ans. C’est en quelque sorte un catalogue de procédés techniques, que j’ai pu utiliser dans mes œuvres pour piano seul ou dans mon concerto par exemple, mais que j’ai ici l’occasion d’amplifier, de pousser plus à bout. Mais, dans le même temps, ce travail sur certains aspects de l’écriture pour piano, qui peuvent être de vrais défis techniques, sont reliés à des procédés compositionnels précis. Ce sont donc aussi des études de composition ». Ce faisant, Jean-Frédéric Neuburger a conscience de s’inscrire dans une longue lignée, depuis Chopin, Liszt, Debussy, Scriabine jusqu’à Stravinsky, Messiaen, Ligeti, Manoury ou Philip Glass : « Tous étaient d’excellents pianistes. Le fait que certains se soient produits en concert et d’autres non, ne me semble pas une distinction très pertinente ». Comme tous ces prédécesseurs, il s’attaque à ces difficultés pianistiques – « Je ne les ai pas inventées, glisse-t-il, ce que Chopin a traité, Debussy, Rachmaninov ou Ligeti y ont répondu à leur manière » – en les adaptant à son propre langage, à ses propres harmonies... et à son esprit poétique : « il y a toujours un moment où l’image poétique prend le relais du procédé technique et vient l’enrichir ».
« Ces Études sont sans doute, de tous mes projets, celui ou se retrouve autant le compositeur que le pianiste, annonce d’emblée le musicien de 32 ans. C’est en quelque sorte un catalogue de procédés techniques, que j’ai pu utiliser dans mes œuvres pour piano seul ou dans mon concerto par exemple, mais que j’ai ici l’occasion d’amplifier, de pousser plus à bout. Mais, dans le même temps, ce travail sur certains aspects de l’écriture pour piano, qui peuvent être de vrais défis techniques, sont reliés à des procédés compositionnels précis. Ce sont donc aussi des études de composition ». Ce faisant, Jean-Frédéric Neuburger a conscience de s’inscrire dans une longue lignée, depuis Chopin, Liszt, Debussy, Scriabine jusqu’à Stravinsky, Messiaen, Ligeti, Manoury ou Philip Glass : « Tous étaient d’excellents pianistes. Le fait que certains se soient produits en concert et d’autres non, ne me semble pas une distinction très pertinente ». Comme tous ces prédécesseurs, il s’attaque à ces difficultés pianistiques – « Je ne les ai pas inventées, glisse-t-il, ce que Chopin a traité, Debussy, Rachmaninov ou Ligeti y ont répondu à leur manière » – en les adaptant à son propre langage, à ses propres harmonies... et à son esprit poétique : « il y a toujours un moment où l’image poétique prend le relais du procédé technique et vient l’enrichir ».
© Carole Bellaiche
Les Études sont une manifestation de l’esprit d’aventure, de la recherche d’expériences qui habite Jean-Frédéric Neuburger. Si, au piano, cela le pousse à « aller au plus loin de ce que peut faire l’instrument, par exemple pour la polyphonie », il s’agit cependant de ne « jamais abandonner l’idiome pianistique ». Pour l’orchestre, c’est autre chose ; l’invention peut s’affranchir des limites de l’instrument. Dans une œuvre récente comme Faits et gestes, créée en juin dernier par François-Xavier Roth, il cherche ainsi à « se débarrasser du pittoresque », quitte à renoncer à une écriture des timbres, marquée par le souvenir de Debussy et Dutilleux, magnifiquement maîtrisée dans une œuvre précédente, Aube (créée en 2015 à Boston). Dans Faits et gestes, la musique se fait plus anguleuse – « pesante, magmatique » –, tout en se privant des attaques franches (pas de percussions, par exemple), plus joueuse aussi, avec un vrai travail sur la battue du chef d’orchestre, qui prolonge les réflexions de Pierre Boulez (dans Éclat/Multiples notamment) mais en lui ajoutant une dimension mélodique très forte.
D’une œuvre à l’autre comme au cœur de sa musique, Jean-Frédéric Neuburger aime jouer sur les contrastes. C’est le cas aussi pour ses programmes de récital. Celui du 5 décembre convoque quatre univers très différents, quatre imaginaires particuliers de la musique pour piano depuis l’après-guerre. « J’ai voulu un menu aussi varié que possible », dit-il : œuvres brèves (ses propres Études) ou longues (la Deuxième Sonate de Boulez), consonantes (Darkness Visible de Thomas Adès reprend un thème de Dowland, Perduto in una città d’acque de Salvatore Sciarrino se place dans une certaine forme de modalité) ou dissonantes (Boulez encore) – ses Études n° 4, 5 et 6, données en création se situant à mi-chemin, tantôt mélodiques, tantôt rythmiques. Un programme en forme de manifeste de la modernité, vue d’aujourd’hui : riche, diverse, exigeante ; trois termes qui pourraient définir l’œuvre musicale de Jean-Frédéric Neuburger, comme compositeur aussi bien que comme pianiste.
Jean-Guillaume Lebrun
Les Études sont une manifestation de l’esprit d’aventure, de la recherche d’expériences qui habite Jean-Frédéric Neuburger. Si, au piano, cela le pousse à « aller au plus loin de ce que peut faire l’instrument, par exemple pour la polyphonie », il s’agit cependant de ne « jamais abandonner l’idiome pianistique ». Pour l’orchestre, c’est autre chose ; l’invention peut s’affranchir des limites de l’instrument. Dans une œuvre récente comme Faits et gestes, créée en juin dernier par François-Xavier Roth, il cherche ainsi à « se débarrasser du pittoresque », quitte à renoncer à une écriture des timbres, marquée par le souvenir de Debussy et Dutilleux, magnifiquement maîtrisée dans une œuvre précédente, Aube (créée en 2015 à Boston). Dans Faits et gestes, la musique se fait plus anguleuse – « pesante, magmatique » –, tout en se privant des attaques franches (pas de percussions, par exemple), plus joueuse aussi, avec un vrai travail sur la battue du chef d’orchestre, qui prolonge les réflexions de Pierre Boulez (dans Éclat/Multiples notamment) mais en lui ajoutant une dimension mélodique très forte.
D’une œuvre à l’autre comme au cœur de sa musique, Jean-Frédéric Neuburger aime jouer sur les contrastes. C’est le cas aussi pour ses programmes de récital. Celui du 5 décembre convoque quatre univers très différents, quatre imaginaires particuliers de la musique pour piano depuis l’après-guerre. « J’ai voulu un menu aussi varié que possible », dit-il : œuvres brèves (ses propres Études) ou longues (la Deuxième Sonate de Boulez), consonantes (Darkness Visible de Thomas Adès reprend un thème de Dowland, Perduto in una città d’acque de Salvatore Sciarrino se place dans une certaine forme de modalité) ou dissonantes (Boulez encore) – ses Études n° 4, 5 et 6, données en création se situant à mi-chemin, tantôt mélodiques, tantôt rythmiques. Un programme en forme de manifeste de la modernité, vue d’aujourd’hui : riche, diverse, exigeante ; trois termes qui pourraient définir l’œuvre musicale de Jean-Frédéric Neuburger, comme compositeur aussi bien que comme pianiste.
Jean-Guillaume Lebrun
Récital à la Fondation Louis Vuitton
Boulez, Sciarrino, Adès, Neuburger
Jeudi 5 décembre 2019 – 20h30
www.fondationlouisvuitton.fr/fr/musique/concert/recital-jean-fredericneuburger.html
Boulez, Sciarrino, Adès, Neuburger
Jeudi 5 décembre 2019 – 20h30
www.fondationlouisvuitton.fr/fr/musique/concert/recital-jean-fredericneuburger.html
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