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« Un Noël italien » le Cercle de l’Harmonie au Grand Théâtre de Provence – Super Spyres – Compte-rendu
Ça faisait quelque temps qu’une ovation debout n’était venue saluer une prestation au Grand Théâtre de Provence. Il aura fallu le « Noël Italien » du Cercle de l’Harmonie pour retrouver l’ambiance des grands soirs au terme d’un concert dirigé par Jérémie Rhorer. Rossini et Donizetti en vedette, mais pas que, avec un Michael Spyres en forme olympique !
En résidence à Aix-en-Provence depuis plusieurs années, Jérémie Rhorer et son Cercle de l’Harmonie y sont comme à la maison. Quoi de plus naturel, dès lors, que les musiciens et leur directeur aient choisi de fêter Noël en musique à deux pas du cours Mirabeau ? Si le programme intitulé « Un Noël italien » faisait la part belle à Rossini et Donizetti, les Ave Maria de Gounod/Bach et Schubert étaient de sortie, de même que le Panis Angelicus de Franck et le Cantique de Noël d’Adam, mieux connu en Provence sous le titre Minuit, Chrétiens, morceau qui, à l’instar de la Coupo Santo, a intégré le patrimoine régional. Michaël Spyres et son épouse Tara Stafford étaient, pour la circonstance, invités à donner les airs du programme. Choix gagnant effectué par Jérémie Rhorer, pour notre plus grand plaisir, avec la prestation imposante de l’Américain qui, on le sait, a remis au goût du jour la large tessiture du baryténor capable de couvrir l’intervalle entre le ténor et la basse.
C’est avec deux ouvertures de Rossini, celles du Barbier de Séville et de Guillaume Tell, que, logiquement, Jérémie Rhorer avait choisi de débuter les deux parties du concert. Histoire de faire briller « le » son et les couleurs de son orchestre qui, rappelons-le, joue sur des instruments d’époque et s’est spécialisé dans les interprétations historiquement informées. Et pour les deux pièces on ne pouvait espérer mieux que la lecture enjouée, précise, nuancée, mais aussi puissante (notamment avec un premier tutti explosif pour Guillaume Tell) qui en a été offerte. Des qualités que l’on retrouvait dans « La Tempête » de l’acte 2 du Barbier, elle aussi au programme.
© DR
Vocalement le show Spyres a donc été impressionnant. Dès l’attaque du « Largo al factotum » du Barbier, le ton était donné : la puissance maîtrisée, l’œil facétieux, l’envie de jouer avec le public, la ligne de chant précise, assurée et limpide permettaient au chanteur d’entrer dans le concert en pleine lumière. Se promenant sans aucun problème entre un Figaro enjoué, un Nemorino énamouré à souhait, il a su profiter des qualités du Cercle de l’Harmonie pour mener à bien une opération de séduction largement appréciée. Séduction dont il jouait aussi en compagnie de Tara Stafford avec des duos où la soprano livrait un chant agréable, soigné, d’une élégance de tous les instants qui, parfois, aurait mérité une projection plus puissante.
Après l’entracte, c’est un registre plus spirituel qui était abordé avec, notamment, un l’Ave Maria de Gounod/Bach magnifié par Spyres, Tara Stafford proposant, elle, les interprétations délicates et ciselées du Panis Angelicus et de l’Ave Maria de Schubert. Un Américain peut-il chanter le Minuit, Chrétiens mis en musique par Adolphe Adam ? En oubliant un départ précipité ainsi qu’une diction qui aurait mérité d’être un petit peu plus travaillée, la réponse est oui. Alors, le peuple debout n’a pas chanté sa délivrance mais bel et bien réclamé des bis comme autant de cadeaux au pied du sapin. Spyres et sa partenaire ne se sont pas fait prier, de même que Jérémie Rhorer, sourire aux lèvres. Le « Ah ! Mes amis quel jour de fête » était donné fort à propos et avec toutes ses notes pour réjouir les participants à ce moment festif et le « Libiamo ne’ lieti calici » pour les griser. C’était avant la reprise du Minuit, Chrétiens qui, finalement, après l’amour et l’ivresse, remettait la spiritualité au centre du concert de Noël …
Michel Egéa
Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, 16 décembre 2022
Photo © Grand Théâtre de Provence
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